
Le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou, qui doit prêter serment lundi, fait la part belle aux défenseurs de la colonisation en leur attribuant des portefeuilles clé. Le ministre du Logement a affirmé que les constructions se poursuivraient.
Le nouveau ministre israélien du Logement, Uri Ariel, a donné le ton. Lors d’une interview télévisée, dimanche, il a affirmé que le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahou, constitué à l'issue des élections du 22 janvier, continuerait à promouvoir les colonies de peuplement juives en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Ce colon juif et membre du parti La Maison juive, favorable aux implantations, a précisé que dans les territoires occupés, "les constructions se poursuivront conformément à la politique suivie par le gouvernement jusqu'ici." Israël "construira en Judée et Samarie plus ou moins comme il l'a fait auparavant. Je ne vois pas de raison de changer cela", a ajouté le ministre, en utilisant le nom biblique des territoires occupés par Israël en 1967.
Le gros de ces constructions concerneront les zones peu peuplées à l'intérieur des frontières reconnues, dans le désert du Néguev pour la partie sud et en Galilée pour le nord. Les constructions en Cisjordanie, a indiqué Uri Ariel, ne constituent pas l'essentiel des projets de construction.
Un autre fervent défenseur de la colonisation à la Défense
Ces propos interviennent deux jours avant l'arrivée en Israël du président américain Barack Obama, qui a demandé au gouvernement de cesser les implantations dans les territoires revendiqués par les Palestiniens. Mais Uri Ariel n’est pas le seul fervent défenseur de la colonisation dans le nouveau gouvernement israélien, qui doit prêter serment lundi.
Bien que la nouvelle coalition comprenne les mouvements centristes Yesh Atid (19 sièges) et HaTnuah (6), ouverts à un règlement de paix avec les Palestiniens, elle est largement dominée par des tenants de la droite nationaliste et/ou religieuse : l'alliance Likoud-Israël Beiteinou (31) et le parti La Maison juive (12) très proche des colons.
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"La plupart des positions clé vont être attribuées à des colons et à ceux qui les soutiennent", relève Barak Ravid dans le quotidien de gauche "Haaretz", expliquant que cela revenait à "faire entrer le renard dans le poulailler".
Le likoudnik et ex-général Moshé Yaalon, nouveau patron de la Défense, est lui aussi connu pour son soutien aux colons et sa farouche opposition à tout gel de la construction. Or toutes les autorisations de construction en Cisjordanie doivent recevoir l'aval du ministère de la Défense et la présence de Moshé Yaalon à la tête du ministère rassure la direction des colons.
"Cela démarre bien avec le Likoud et le Foyer juif (...) Nous espérons que cela se traduira par un développement supplémentaire des implantations de Judée-Samarie", s'est ainsi félicité Avi Roeh, le nouveau président du Conseil de Yesha, organisme représentant les colons de Cisjordanie, sur le site d'information Ynet.
L'ONU s'inquiète
À l’inverse, l’ONU s’inquiète pour le processus de paix au Proche-Orient avec la nomination du faucon Uri Ariel. "Si cette nomination se traduit par une vague de nouvelles constructions dans les colonies, son but aura été de détruire toute chance de parvenir à un compromis et à la paix entre les deux peuples (palestinien et israélien)", a averti le coordinateur spécial de l'ONU pour le processus de paix au Proche-Orient, Robert Serry.
Le mouvement anti-colonisation La Paix Maintenant n'est guère plus rassuré : "Le ministre du Logement détient un rôle important dans la construction des colonies et peut créer des faits accomplis sur le terrain", explique à l'AFP Hagit Ofran, la spécialiste du dossier au sein de l'ONG. "N'oublions pas que ses électeurs sont les colons et qu'il vit lui-même dans une colonie", observe-t-elle.
Les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens sont gelées depuis 2010 en raison de cette politique de construction de colonies. Environ 500 000 colons juifs sont installés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est.
Avec dépêches