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Les Chypriotes sous le choc après l'accord sur le plan de sauvetage

Les Chypriotes se sont réveillés en colère, samedi, en apprenant que leur épargne serait exceptionnllement taxée en contrepartie d'un plan d'aide de l'Union européenne de 10 milliards d'euros pour sauver les finances du pays.

Les Chypriotes ne décolèrent pas. Les habitants de la petite île méditerranéenne ont découvert au réveil, samedi, qu'en contrepartie du plan de sauvetage de 10 milliards d'euros de l'Union européenne - signé dans la nuit de vendredi à samedi - leurs dépôts bancaires seraient exceptionnellement taxés. 

Toute la journée de samedi, des files d'attente étaient visibles devant les distributeurs et les banques, les particuliers tentant de retirer le plus d'argent possible. Certaines sociétés de crédit ont même dû fermer leurs portes pour éviter une ruée aux guichets.

Face à l'exaspération des Chypriotes, le président Nicos Anastasiades s'est efforcé d'apaiser la population. Il a annoncé qu'il s'adresserait à la nation dimanche pour défendre l'accord conclu, admettant dans un communiqué qu'il s'agissait d'une solution "douloureuse".

Nicosie a reporté sine die le débat parlementaire qui devait avoir lieu ce dimanche. Les débats risquaient d'être houleux, le parti communiste Akel, qui dispose de 19 sièges sur 56 au Parlement, et les socialistes de l'Edek (5 sièges) ayant d'ores et déjà rejeté le plan de sauvetage, selon les médias chypriotes.

Le Parlement - qui n'a pas encore ratifié le texte - s'est engagé dans une course contre la montre pour essayer de valider cet accord avant que les banques ne rouvrent leurs portes mardi matin (lundi étant férié).

"C'est une catastrophe"

Chypre avait initialement demandé 17 milliards d'euros. Afin de réduire leur participation à ce prêt, les bailleurs de fonds (UE et FMI) ont demandé à Nicosie d'instaurer une taxe exceptionnelle de 6,75 % sur tous les dépôts bancaires en-deçà de 100 000 euros et de 9,9 % au-delà de ce seuil. Ces prélèvements, censés rapporter 5,8 milliards d'euros, seront appliqués à toutes les personnes résidant sur l'île.

"C'est une catastrophe", estime un Chypriote de 45 ans venu retirer de l'argent. "Cela va nous donner envie de sortir de l'euro", dit un autre, retraité.

Un dirigeant d'entreprise belge était également très inquiet. "Je ne sais pas encore si ça touche ma société, mais si jamais la mesure s'applique aux sociétés, c'est la faillite pour nous."

"La situation est grave mais pas tragique, il n'y a pas de raison de paniquer", a tenté de rassurer le porte-parole du gouvernement, Christos Stylianides.

Bank of Cyprus, la première banque de Chypre, qui avait dû solliciter l'aide du gouvernement en raison de ses pertes liées à la crise grecque, a qualifié les décisions prises à Bruxelles de "douloureuses et surprenantes", estimant "parfaitement compréhensible que l'opinion publique soit inquiète".

Une centaine de personnes ont manifesté samedi soir devant le palais présidentiel, a constaté un photographe de l'AFP, et une autre manifestation était prévue devant le Parlement dimanche matin. Le candidat déçu aux élections présidentielles de février, George Lillikas, qui avait fait campagne contre le plan de sauvetage, a appelé à une mobilisation mardi.

Avec dépêches