
À l'issue d'un référendum les 10 et 11 mars, les habitants des îles Malouines ont, sans surprise, voté très massivement en faveur du maintien dans le giron britannique. Buenos Aires a qualifié ce scrutin de "manœuvre médiatique et dilatoire".
Sans surprise, les habitants des Malouines (Falklands en anglais) ont voté lundi à 99,8 %, la quasi-unanimité, en faveur de leur rattachement au giron britannique à l'issue d'un référendum organisé sur deux jours. Restant sourds aux revendications de souveraineté de l'Argentine qui jugeait le scrutin nul et non avenu, quelque 92 % des 1 672 électeurs de cet archipel disputé de l'Atlantique sud ont dit "oui" à une écrasante majorité au maintien du statut de territoire d'outre-mer du Royaume-Uni pour les Malouines. Seuls trois votes se sont exprimés contre.
Le retentissant résultat n'a fait l'objet d'aucune contestation : des observateurs internationaux, venus notamment d'Amérique latine, étaient sur place pour s'assurer du bon déroulement du scrutin. Ils l'ont jugé "libre et loyal". Ce "oui" a été accueilli par une population en liesse à Stanley, la capitale. "Il y a beaucoup de bruit ici, c'est énorme", a déclaré à l'AFP un député local, Barry Elsby. "Il y a des centaines de personnes rassemblées devant la cathédrale, qui chantent et agitent des drapeaux", a-t-il témoigné.
Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague s'est félicité du résultat du vote. "Nous avons toujours clairement dit que nous croyons dans les droits de la population des Falklands à déterminer son propre avenir et à décider de la voie qu'elle souhaite suivre", a-t-il déclaré dans un communiqué. "Tous les pays devraient accepter les résultats de ce référendum", a-t-il ajouté.
Si la plupart des électeurs étaient concentrés à Stanley, les habitants des zones les plus reculées pouvaient voter grâce à des bureaux de vote mobiles, embarqués sur des 4X4, et même par avion.
Un scrutin "médiatique et dilatoire"
Le vote a suscité toutefois peu d'intérêt médiatique au Royaume-Uni, où les journaux n'ont consacré que quelques courts articles en pages intérieures à ce référendum qui s'est déroulé à quelque 13 000 kilomètres des côtes britanniques.
Si ce scrutin a eu lieu avec la bénédiction du gouvernement britannique qui contrôle l'archipel depuis 1833, l'Argentine l'a d'emblée qualifié comme une "tentative britannique de manipulation" et prévenu qu'il "ne mettra pas un terme au différend sur la souveraineté".
Pour Buenos Aires, les "Islanders" constituent une "population implantée" par les Britanniques et ne peuvent revendiquer le droit à l'autodétermination. "Nous respectons leur souhait de rester britanniques, mais le territoire sur lequel ils habitent ne l'est pas", a déclaré l'ambassadrice d'Argentine à Londres, Alicia Castro, qualifiant le scrutin de "manœuvre médiatique et dilatoire".
Alors que le comité spécial de l'ONU sur la décolonisation demande l'ouverture de négociations britannico-argentines pour régler ce contentieux, les "Islanders" espèrent que ce référendum fera avancer leur cause.
Dans la capitale, les maisons et les magasins étaient pavoisés avec le drapeau du Royaume-Uni et celui des Falklands, qui comporte le blason des îles : un mouton, au-dessus d'une caravelle, avec la devise "Desire the Right" (désire le droit).
Intérêt pétrolier
En 2012, le 30e anniversaire de la guerre qui a opposé le Royaume-Uni et l'Argentine à propos de ces îles, faisant plus de 900 morts, a suscité un regain de tensions entre les deux pays.
La découverte de gisements de pétrole à la fin des années 1990 n'a fait qu'aiguiser l'intérêt pour cet archipel battu par les vents, peuplé de 2 500 habitants et 500 000 moutons, où sont stationnés 1 300 militaires.
La représentante du gouvernement des Malouines au Royaume-Uni, Sukey Cameron, a suggéré que ce territoire d'outre-mer pourrait devenir indépendant un jour.
"Cela pourrait arriver dans 50, 70, 100 ans, mais pour l'instant nous sommes très satisfaits de notre relation avec le Royaume-Uni", a-t-elle dit dimanche à Sky News. "Il est possible que quelques personnes sur l'île votent 'non' mais cela n'équivaut pas nécessairement à dire 'oui' à l'Argentine", selon elle.
Avec dépêches