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Antoinette Nana Djimou, la nouvelle Eunice Barber

Championne d'Europe d'heptathlon en 2012, Antoinette Nana Djimou est l'un des grands espoirs de l'athlétisme français. Née au Cameroun, elle espère se construire un palmarès aussi riche que celui de son idole, Eunice Barber.

Antoinette Nana Djimou a les yeux qui pétillent. Malgré le décalage horaire, elle est encore sur un petit nuage, heureuse d’avoir passé quelques jours au Japon. L’athlète est rentrée la veille d’un voyage à Kobe, au siège de son équipementier japonais.

"C’était une première ! Un vrai rêve d’enfant. Ils vont me faire des chaussures faites sur mesure et à mon nom ! C’est magnifique", s’enflamme la jeune femme de 27 ans. Depuis son titre européen remporté l’été dernier à Helsinki, cette spécialiste de l’heptathlon est sollicitée de toute part. Elle est désormais l’une des ambassadrices de l’équipe de France d’athlétisme aux côtés de la star du sprint Christophe Lemaitre ou du marcheur Yohann Diniz : "Ça fait plaisir, surtout dans ma discipline. C’est rare qu’on s’y intéresse. Comme ça, on va un peu plus parler de l’heptathlon !".

De Douala à Paris

Rien ne prédestinait pourtant Antoinette à un tel destin sportif. Née à Douala, au Cameroun, elle n’a jamais fait de compétitions durant son enfance. "J’étais une fille un peu agitée. Je m’amusais beaucoup ! Je jouais au foot, au basket, au hand. Je faisais un peu de tout, sauf de l’athlé ! J’y avais jamais touché", raconte-t-elle dans un grand éclat de rire.

Ce n’est qu’en arrivant en France à l’âge de 13 ans pour suivre son père, chef d’entreprise, qu’elle s’est découverte une passion pour la piste : "J’ai commencé l’athlétisme parce que je m’ennuyais et c’est comme ça qu’ils se sont rendus compte que j’étais douée !". Dès sa première année, elle devient vice-championne de France cadettes sur 200 m. Mais très vite, elle s’oriente vers les épreuves combinées : "Quand je me suis inscrite dans un club, je voulais tout faire, pas seulement du sprint. C’est comme ça que j’ai débuté l’heptathlon et maintenant je ne fais plus que ça".

Effacer Londres

Aidée par un solide gabarit (1,74 m pour 69 kg), Antoinette gravit rapidement les échelons internationaux. Elle surpasse ses adversaires sur ses deux disciplines favorites : la longueur (record personnel : 6,44 m en salle) et le 100 m haies (13’’11). Médaillée de bronze aux championnats d’Europe en salle en 2009, elle décroche l’or deux ans plus tard à Paris, puis le titre européen en plein air l’an passé avec un nouveau record personnel de 6 544 points.

Seule ombre au tableau : les Jeux olympiques de Londres. La licenciée du club d’athlétisme de Montreuil n’a pris que la 6e place lors de la finale remportée par la Britannique Jessica Ennis. "J’étais déçue, je ne peux pas dire le contraire. Je me suis loupée sur trois épreuves. C’était dur quand je suis rentrée au village… Mais je me suis ensuite dit : 'C’est pas grave Nana ! On verra l’année prochaine'", confie-elle en ne quittant pas son grand sourire.

Éternelle optimiste, la jeune athlète a ainsi déjà tourné la page et se concentre sur la saison à venir. Au programme, les championnats d’Europe en salle fin février à Göteborg et surtout les Mondiaux, au mois d’août, à Moscou. Antoinette veut suivre les traces d’Eunice Barber, championne du monde d’heptathlon en 1999 : "J’espère avoir un palmarès comme elle, peut-être mieux encore ! J’aime sa force, sa manière d’être et son caractère. C’est ce qui m’a toujours impressionnée chez elle".

Concernant les prochains Jeux, prévus à Rio en 2016, elle préfère ne pas encore y penser. "C’est très très très loin ! Cela fait peur, surtout après ma déception. C’est très difficile de se dire que tu vas repartir pour quatre ans !", lance-t-elle avec un petit cri, avant d’ajouter en rigolant : "C’est dur les entraînements !". Naturelle et espiègle, Antoinette ne se met pas de pression inutile. Bien dans sa tête, elle a même déjà réfléchi à sa reconversion. Après les podiums d’athlétisme, elle rêve de ceux de la mode. La championne ambitionne de devenir styliste.