En présence de la chancelière allemande Angela Merkel, des dizaines de milliers de personnes se sont réunies à Winnenden afin de rendre hommage aux 15 victimes du jeune adolescent qui a ouvert le feu, le 11 mars, dans une école de la ville.
AFP - Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées samedi matin à Winnenden, dans le sud-ouest de l'Allemagne, pour une cérémonie en hommage aux quinze victimes du jeune forcené qui avait commis un massacre dans un collège avant de se suicider.
Jusqu'à 100.000 personnes étaient attendues, selon la police.
Au nom du pays endeuillé et choqué, le président Horst Köhler devait prononcer un discours lors d'un office oecuménique en fin de matinée dans une église de la ville, en présence de la chancelière Angela Merkel.
Le 11 mars, Tim Kretschmer, 17 ans, avait surgi dans son ancien collège et abattu avec l'arme de son père neuf collégiens et trois enseignantes, puis trois passants lors d'une cavale de plus de deux heures, avant de se suicider.
L'adolescent aurait dit avoir tué parce que ça "l'amusait", selon un témoin, Igor Wolf, pris un temps en otage et contraint de conduire le forcené en voiture loin de Winnenden.
Devant le collège endeuillé s'étalait samedi un vaste parterre de bouquets et de couronnes de fleurs, ainsi que des centaines de bougies.
La ville était envahie par des milliers de personnes habillées de couleur sombre. Les élèves du collège Albertville aboraient tous le même T-shirt noir, barré en vert de l'inscription "Ich habe einen Traum" (I have a dream), en référence à la célèbre phrase de Martin Luther King. Et bon nombre de commerces avaient accroché sur leurs devantures des panneaux indiquant "Nous sommes en deuil avec vous".
Pour retransmettre la cérémonie, une vingtaine d'écrans ont été installés en plein air, notamment dans un stade pouvant accueillir 30.000 personnes et dans plusieurs halles. L'église catholique Sankt-Karl-Borromäus n'offre que 900 places.
Les victimes ont été enterrées dans l'intimité au cours des derniers jours.
En leur mémoire, les drapeaux de toute la région étaient en berne samedi et toutes les cloches du Wurtemberg devaient sonner à l'unisson à 09H45 GMT.
Outre le président et la chancelière, les ministres des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, et de l'Education, Annette Schavan, étaient attendus à Winnenden.
Dix jours plus tard, les enquêteurs et la famille de l'adolescent s'interrogent toujours sur la raison de cette tuerie, que nul n'a vue venir.
D'après les autorités, Tim Kretschmer a souffert dans le passé de troubles psychiques.
Il a dérobé une arme de son père, un amateur de tir qui possédait légalement tout un arsenal à son domicile. Les enquêteurs pensent que le père avait oublié de ranger le pistolet Beretta 9 mm sous clef dans une armoire. Jörg Kretschmer est visé par une enquête pour homicide involontaire.
Le père du tueur a entre-temps décidé de se séparer de ses armes, un geste imité par d'autres détenteurs d'armes à feu dans la région. En une semaine, une vingtaine d'armes ont été apportées spontanément aux autorités par des tiers, selon les autorités locales.
Les parents et la soeur de Tim Kretschmer se sont dits "atterrés, en larmes et sans voix" et ont présenté leurs regrets aux familles des victimes, dans une lettre ouverte publiée mardi. Ils étaient "une famille tout à fait normale" et n'auraient "jamais cru Tim capable de telles choses".
Plusieurs familles de victimes ont elles aussi écrit une lettre ouverte, publiée ce samedi, dans laquelle elles demandent aux autorités de renforcer la loi sur les armes et d'interdire les jeux vidéos dont l'objectif est de tuer.
Au collège Albertville, resté fermé depuis la tuerie, les 600 élèves reprendront les cours lundi.