
Au lendemain de violentes manifestations contre l’ambassade française en République centrafricaine pour exiger un soutien de la France contre les rebelles du Séléka, François Hollande s’est opposé à toute intervention de Paris.
"La France n’est pas présente en Centrafrique pour protéger un régime". Au lendemain des violences contre l’ambassade de France à Bangui, perpétrées par des manifestants exigeant une intervention de Paris pour contrer la rébellion en Centrafrique, le président français François Hollande s’est montré ferme : la France ne prendra pas part à la crise que traverse le pays. "Si nous sommes présents […], c’est pour protéger nos ressortissants et nos intérêts, a ajouté le chef de l’État. Et en aucune façon pour intervenir dans les affaires intérieures d’un pays. Ce temps là est terminé." Jeudi, lors d'une allocution publique tenue dans la matinée, le président centrafricain François Bozizé a officiellement demandé l'aide de la France pour combattre le mouvement rebelle qui contrôle désormais près d'un tiers du pays.
À Bangui, mercredi 26 décembre, plusieurs bâtiments internationaux ont été pris pour cible par des centaines de manifestants proches du pouvoir. Dans l’ambassade de France, caillassée, une cinquantaine de personnes sont restées retranchées pendant plusieurs heures. Jeudi, l’Onu et les États-Unis ont ordonné le rapatriement temporaire de tous les employés jugés non-indispensables dans leurs représentations diplomatiques. La France, en revanche, n’a entamé aucune mesure de départs.
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Les manifestants ont dénoncé la passivité de l'ancienne puissance coloniale face à la progression de la coalition rebelle du Séléka, "alliance", en langue sango. Le mouvement a lancé, le 10 décembre dernier (voir chronologie), une "opération reconquête" dans le pays, et s’est emparé de plusieurs villes : Bria, dans le centre-est, Bambari, au sud, et Kaga Bandoro, dans le centre-ouest. Près d’un tiers de la Centrafrique serait à présent entre leurs mains. Les rebelles s’approchent désormais de Bangui, la capitale centrafricaine.
"Mettre la pression sur le gouvernement"
"Pour le moment, les rebelles sont en ‘stand by’. Il faut savoir que l’armée tchadienne [le Tchad est un allié historique du régime de François Bozizé, ndlr] s’est positionnée pour sécuriser Bangui et constituer un parapluie sécuritaire", assure sur l’antenne de FRANCE 24 Thierry Vircoulon, directeur du programme Afrique centrale de l'International Crisis Group.
Le Général Jean-Félix Akagae, commandant de la Force multinationale d'Afrique centrale (Fomac), qui compte déjà plusieurs centaines de militaires en Centrafrique, a annoncé jeudi l’envoi de renforts dans le pays.
Pour autant, le mouvement rebelle assure ne pas vouloir mener bataille. "La stratégie affichée du Séléka est de mettre la pression sur le gouvernement pour le forcer à des négociations, mais pas de prendre le pouvoir par la force", poursuit le chercheur. Les rebelles réclament le respect d’accords de paix conclus entre 2007 et 2011, qui prévoyaient notamment un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des diverses milices rebelles éparpillées dans le pays. Ces accords n’ont jamais été respectés.
Les chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) se sont retrouvés le 21 décembre dans la capitale tchadienne N’Djamena, pour tenter de mettre fin à la crise politique en République centrafricaine. Le gouvernement et les rebelles se disent l’un et l’autre prêts à ouvrir des négociations à Libreville, au Gabon, sous l’égide du Congo-Brazzaville. "La situation prend une tournure plutôt positive, estime Thierry Vircoulon. Tout le monde semble prêt à des pourparlers, il faut que la mécanique se mette en place sur le terrain et que tout le monde trouve le chemin de Libreville".
Avec dépêches