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Park Geun-hye, première présidente de la Corée du Sud

Les Sud-Coréens ont élu Park Geun-hye, fille de l’autocrate Park Chung-hee, à la tête du pays. Elle est la première femme à diriger ce pays marqué par de fortes inégalités entre les sexes.

Elle est la première femme élue à la tête de la Corée du Sud. Park Geun-hye, chef de file du parti conservateur Saenuri (Nouvelle frontière, au pouvoir) – et, accessoirement, fille de l’ancien président-autocrate Park Chung-hee – succède pour cinq ans à l’impopulaire Lee Myung-bak. Elle a obtenu 51,6 % des suffrages, contre 48 % en faveur de son adversaire de centre-gauche, Moon Jae-in.

Diplomatie : Park Geun-hye veut ouvrir "une nouvelle ère avec le Nord"

La présidente élue de la Corée du Sud, Park Geun-Hye, a promis "une nouvelle ère" dans la politique nord-coréenne de Séoul fondée sur une "sécurité forte et une diplomatie basée sur la confiance".

"Le lancement du missile à longue-portée par la Corée du Nord témoigne de la gravité de la situation sécuritaire face à laquelle nous nous trouvons", a déclaré Park Geun-Hye au lendemain de sa victoire à la présidentielle. "Je tiendrai la promesse que je vous ai faite d'ouvrir une nouvelle ère sur la péninsule coréenne, fondée sur une sécurité forte et une diplomatie basée sur la confiance", a-t-elle ajouté.

Au cours de la campagne électorale, Mme Park s'était distanciée de l'intransigeance caractérisant la politique nord-coréenne du parti conservateur et du président sortant Lee Myung-Bak qui a suspendu l'aide humanitaire à Pyongyang en représailles au bombardement d'une île sud-coréenne en 2010.

"Cette élection est une victoire pour vous tous, pour le peuple", a déclaré Park Geun-hye, acclamée par une foule de partisans agitant des drapeaux pour fêter sa victoire dans le centre de Séoul.

Son élection fait figure de quasi-révolution dans un pays encore très marqué par le modèle patriarcal et les inégalités entre hommes et femmes : le pays apparaît au 104e rang du classement de l’égalité des sexes établi par le Forum économique mondial, juste après les Émirats arabes unis.

Au-delà de sa portée symbolique, une victoire de la numéro un de la droite sud-coréenne vient couronner une vie presque exclusivement dédiée à la politique. Sexagénaire célibataire dont la vie privée demeure des plus secrètes, Park Geun-hye est loin, en effet, d’être une inconnue pour ses compatriotes. "Dans des pays comme la Corée du Sud, quand on n’a pas un antécédent familial de renom, on n’entre pas en politique, commente l’historien Ilios Yannakakis, spécialiste de la péninsule coréenne. Il faut, comme Park Geun-hye, avoir une surface politique connue. Elle est une ‘fille de’."

Fille de dictateur

Son nom reste effectivement associé à celui de son géniteur qui régna d’une main de fer sur le pays entre 1962 et 1979. L'"héritage de son père, qui reste très controversé, est à l'origine de sa popularité mais est aussi une limite à celle-ci", explique à l’AFP Lee Nae-young, professeur à l'université de Corée, à Séoul. Arrivé au pouvoir par la force, Park Chung-hee demeure dans l’histoire sud-coréenne comme un dictateur qui n’hésitait pas à museler la presse ou à emprisonner ses opposants.

Un lourd legs qui fait craindre à ses détracteurs, issus pour la plupart des milieux progressistes et urbanisés, que l'arrivée à la présidence de la "reine de glace" ne s’accompagne d’un tour de vis autoritaire. "Les péchés du père ne doivent pas retomber sur la fille, prévient Ilios Yannakakis. Ce serait une erreur que de considérer qu’elle est une ‘bis repetita’ de son père."

Ses partisans, en revanche, louent son calme, ses qualités de dirigeante et une combativité dont elle n'aura pas de trop dans un pays patriarcal et vieillissant.

Chantre de la libéralisation de l’économie

Si, en matière d’exercice du pouvoir, la fille cherche à se démarquer de son père, on ne peut pas en dire autant sur le plan économique. Avant d’être assassiné par son chef du renseignement en 1979, l’autocrate Park Chung-hee mena avec succès une politique active en faveur de développement industriel et économique de son pays.

C’est sur cet aspect le plus glorieux de l’ère Chung-hee que sa fille a construit sa popularité et soigné son image de politicienne à poigne, en première ligne sur le terrain économique. Park Geun-hye s’est ainsi engagée à favoriser une économie de marché "juste et transparente", à créer des "emplois de qualité" et à œuvrer en faveur d’une "démocratisation de l’économie" à l’heure où les disparité sociales de la quatrième économie d'Asie ne cessent de se creuser.