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Fusillade de Newtown : sous le feu des tweets, la NRA choisit le silence

C’est une décision inédite pour le lobby américain des armes à feu : la National Rifle Association a suspendu son compte Facebook et ne tweete plus depuis la fusillade de Newtown. Un silence qui n’empêche pas les critiques à son encontre sur le Net.

Silence radio sur le Web. Depuis la fusillade à l’école de Newtown (Connecticut) qui a coûté la vie à 20 enfants et six adultes, la National Rifle Association (NRA) semble avoir perdu sa voix 2.0. Le très influent lobby américain des armes à feu a décidé de se convertir à la politique de l’autruche en attendant que la tempête médiatique sur l’opportunité de légiférer sur le port d’armes aux États-Unis s’apaise.

Dès vendredi 14 décembre au soir, la NRA a ainsi désactivé sa page Facebook. Une décision inédite pour l'association qui, la veille du massacre de Newtown, se félicitait de compter 1,7 million de fans sur le numéro un mondial des réseaux sociaux. À l’heure actuelle, son adresse Facebook renvoie sur un descriptif général des missions et de l’action de la NRA.

Le lobby ne s’est pas cantonné à mettre en veille sa propre présence sur Facebook puisque des pages “amis”, comme celle de The Patriot Nation, sont également indisponibles. Les internautes qui chercheraient à s’y rendre sont automatiquement redirigés vers la page d’accueil du réseau social. Comme si tout ce petit monde n’avait jamais existé sur Facebook... En fait, comme l’explique le site du quotidien britannique Daily Mail, il est possible de rendre une page Facebook invisible pour le commun des internautes. Seuls les administrateurs de la page peuvent continuer à la voir.

La NRA a également fermé son robinet à tweets depuis la fusillade mortelle. Pourtant, auparavant, plus de trois gazouillis par jour y étaient publiés. Comme sur Facebook, la plupart des comptes Twitter proches de la NRA ont également choisi de faire profil très bas.

Dans le collimateur

Un silence rare pour un lobby généralement très actif lorsqu'il s'agit de monter au créneau pour défendre le 2e amendement (d'où découle le droit constitutionnel reconnu pour les Américains de posséder des armes à feu). Surtout que le président des États-Unis, Barack Obama, a assuré, lors d’un discours très remarqué dimanche 16 décembre, qu’il “fallait œuvrer pour éviter de telles tragédies”, laissant entendre un possible durcissement des lois sur le port d’armes à feu dans le pays.

Le hashtag #NoWayNRA

Tweets concernant "#nowaynra"

Mais, comme le souligne le site américain spécialisé dans les nouvelles technologies TechCrunch, en temps de drame comme celui de Newton, les réseaux sociaux se transforment rapidement “en champs de bataille entre pro et anti dont la seule victime en terme d’image sera la NRA”. D’où la tentative du lobby américain de limiter la casse en se faisant le plus discret possible.

Reste qu’il est, depuis vendredi, largement dans le collimateur d’internautes américains très remontés et avides de blâmer les défenseurs des armes à feu. Une pétition lancée sur le site de la Maison Blanche appelant à réguler davantage le droit de port d'armes a recueilli 140 000 signatures en trois jours, bien plus que les 25 000 nécessaires pour obtenir une réponse officielle de l’administration Obama.

Sur Twitter, le hashtag (mot clef) #NoWayNRA (“PasdeNRA”) est l’un des plus utilisés depuis vendredi. Le silence de l'association n’a pas empêché les internautes de sortir la grosse artillerie “twitteresque” à son encontre. “@NRA, on va venir vous cherchez ! D’abord en interdisant les fusils d’assaut ensuite nous frapperons encore plus fort”, assure ainsi Yael T. Abouhalkah, journaliste au Kansas City Star. “Votre silence en dit long sur votre responsabilité”, lâche de son côté Allie Walker, une internaute new-yorkaise.

La NRA peut aujourd'hui difficilement éviter d’être la cible de tweets et messages rageurs sur les réseaux sociaux. Mais son silence lui permet au moins de ne pas réitérer une bourde du calibre de celle commise le 20 juillet dernier. Alors qu’une fusillade meurtrière s’était déroulée lors d’une projection du film Batman au Colorado, American Rifleman, le compte Twitter du journal de la NRA, avait écrit : “Bonjour amis tireurs, joyeux vendredi ! Des plans pour ce week-end ?”. Devant les réactions outrées d’internautes à ce message pour le moins malheureux, l’association avait dû publier un communiqué d’excuses et avait fait fermer le compte Twitter en question.