
Diango Cissoko, nouveau Premier ministre malien, a succédé mardi à Cheikh Modibo Diarra, arrêté par la junte. L’ingérence des militaires est jugée néfaste par la communauté internationale, qui peine à s’accorder sur une intervention au Nord-Mali.
"C’est unis et rassemblés que nous pourrons relever les défis qui se posent aujourd’hui à notre pays. Un pays amputé des deux tiers de son territoire et dont la démocratie est menacée. (…) Il faut passer maintenant de la parole aux actes." Dans une interview accordée à FRANCE 24 quelques instants après sa nomination au poste de Premier ministre mardi soir, Diango Cissoko a fait preuve de volontarisme.
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Jusqu’à présent médiateur de la République, le nouveau chef du gouvernement malien, âgé de 62 ans, hérite de l’une des places du triumvirat dirigeant le Mali, aux cotés du président par intérim, Dioncounda Traoré, et du représentant de la junte, le capitaine Sanogo. Il succède à Cheikh Modibo Diarra, forcé à la démission dans la nuit de lundi à mardi après avoir été arrêté par d’anciens militaires putschistes qui ont justifié leur action par l'incompétence politique de l'ancien Premier ministre.
Condamnations internationales
Le Conseil de sécurité de l'ONU a réagi à l'événement en se disant "prêt à envisager des mesures appropriées, dont des sanctions ciblées contre ceux qui empêchent la restauration de l'ordre constitutionnel et agissent pour miner la stabilité du Mali". Le département d'État américain, qui est sur la même ligne, a lui "condamné cet acte commis par la junte militaire", qu'il exhorte à "cesser ses ingérences perpétuelles dans les affaires politiques et gouvernementales maliennes".
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Derrière les condamnations unanimes de la communauté internationale dont il a fait l'objet, ce nouveau rebondissement de la vie politique malienne risque toutefois de retarder encore la mise en place d'une intervention militaire pour reconquérir le Nord-Mali, tombé aux mains de mouvements islamistes à la suite du coup d'État contre le président Amadou Toumani Touré le 22 mars dernier.
Coup de frein à l’ONU
"Ce nouveau bouleversement va accroître les divergences diplomatiques à l’ONU, estime ainsi Emmanuel Saint-Martin, correspondant de FRANCE 24 à New York. Et il est très probable que l’adoption [d'une résolution ouvrant la voie à une intervention militaire au Mali], initialement attendue avant Noël, soit repoussée de quelques semaines", alors que l'Union européenne a décidé d'envoyer 400 militaires dans le pays au début de 2013 pour former l'armée malienne à la veille du départ forcé de Cheikh Modibo Diarra.
"Les Américains craignent des infractions aux droits de l’Homme s'il y a une action militaire mal contrôlée et pensent que l’on ne résoudra pas la situation uniquement par une action militaire, mais qu’il faut un processus négocié", décrypte ainsi ce dernier.
Pour Paris en revanche, ce nouveau bouleversement rend d'autant plus urgent le vote de la résolution onusienne. "Ces développements viennent souligner la nécessité du déploiement d'une force africaine de stabilisation", a de son côté déclaré le Quai d'Orsay dans un communiqué, mardi.
Des divergences de points de vue qui ne sont pas pour déplaire à la junte du capitaine Sanogo, celui-ci ayant déjà fait savoir par le passé qu’il préférait compter sur l'armée malienne pour reconquérir le Nord. Même s'il a toutefois démenti, mardi, être "opposé" à un déploiement de forces étrangères sur son territoire : "Nous ne nous sommes jamais opposés à quoi que ce soit. (...) Nous en avons besoin tant que ça peut sauver des populations maliennes", a-t-il déclaré.