
Une source de l'AFP affirme que le régime de Damas serait en train de mélanger des "précurseurs chimiques" à des fins militaires. "Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable", a averti Barack Obama.
Les ministres des Affaires étrangères des Etats membres de l'Otan donneront mardi leur feu vert au déploiement de missiles Patriot pour renforcer les défenses turques à la frontière syrienne, a-t-on appris de sources diplomatiques.
Ankara, qui redoute des tirs de missiles ou même le recours à des armes chimiques de la part de Damas, en a fait la demande le mois dernier après plusieurs semaines de négociations sur les moyens à mettre en œuvre pour sécuriser les 900 km de frontières syro-turques.
Vingt mois après le début des affrontements entre l’armée régulière et les opposants au président Bachar al-Assad, le pire reste-t-il à venir en Syrie ? Washington redoute que le régime de Damas, acculé, n'utilise des armes chimiques, notamment du gaz sarin, contre son peuple.
Le président des États-Unis, Barack Obama, a mis en garde, lundi 3 décembre, le pouvoir syrien contre le recours à des armes chimiques. "Aujourd'hui, je veux dire très clairement à Assad et à ceux qui obéissent à ses ordres que le monde entier [vous] observe. Le recours à des armes chimiques est et serait totalement inacceptable", a déclaré le chef de l'État américain lors d'une allocution à Washington.
"Si vous commettez l'erreur tragique d'utiliser ces armes, il y aura des conséquences et vous en répondrez. Nous ne pouvons pas permettre que le XXIe siècle soit assombri par les pires armes du XXe siècle", a-t-il ajouté.
Un peu plus tôt, la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, en visite à Prague, avait également averti que les États-Unis réagiraient si les forces gouvernementales syriennes avaient recours à l'arme chimique contre les rebelles.
Réagissant à cet "avertissement sévère", Damas a rétorqué qu'il ne ferait pas usage d'armes chimiques contre son peuple. "La Syrie a souligné à maintes reprises qu'elle n'utiliserait pas ce genre d'armes, si elles étaient à sa disposition, contre sa population, quelles que soient les circonstances", a assuré le ministère syrien des Affaires étrangères dans un communiqué repris par la télévision publique.
it
Un arsenal chimique qui comprend du gaz sarin
La communauté internationale a mis en garde le régime de Bachar al-Assad depuis de nombreux mois contre le recours à des armes chimiques. Mais la question est redevenue au centre des préoccupations occidentales ces derniers jours.
Lundi, un responsable américain, sous couvert d’anonymat, a même affirmé à l’AFP que le régime syrien serait en train d'assembler des éléments chimiques nécessaires à la militarisation d'armes chimiques, vraisemblablement du gaz sarin. "Plusieurs indices nous laissent penser qu'ils sont en train de mélanger des précurseurs chimiques", a-t-il expliqué.
Produit extrêmement toxique, le gaz sarin provoque de graves séquelles neurologiques quand il ne tue pas par paralysie. Il est considéré comme une arme de destruction massive depuis 1987 par les Nations unies. La secte japonaise Aum vérité suprême l’avait utilisé lors d'un attentat dans le métro de Tokyo le 20 mars 1993, faisant 13 morts et intoxiquant plus de 6 000 voyageurs.
Une fois ses composants assemblés, il suffit de placer le gaz dans un missile, une arme ou une bombe pour en avoir un usage militaire. Et selon un responsable anonyme cité par le blog spécialisé Danger Room, les Syriens "en sont au point où il suffit de le charger à bord d'un avion et de le larguer" mais les quantités de précurseurs mélangés sont "modestes".
L'arsenal chimique syrien existe depuis plusieurs décennies et comprend notamment de l'hypérite (gaz moutarde), du sarin et du VX. Les stocks syriens sont de l'ordre de "centaines de tonnes" d'agents chimiques divers, selon Leonard Spector, expert au centre d'études sur la non-prolifération à l'Institut Monterey (États-Unis). Mais les données publiques sont rares car la Syrie est l'un des rares pays à ne pas avoir signé la Convention sur l'interdiction des armes chimiques et n'est donc pas membre de l'Organisation chargée de contrôler son application, l'OIAC.
it
L'ONU et l’UE réduisent leurs activités
La course à l’armement chimique du régime d’Assad et la dégradation des conditions de sécurité inquiètent de plus en plus la communauté internationale. Plus tôt dans la journée de lundi, l’Union européenne et les Nations unies ont annoncé la réduction de leurs activités en Syrie en raison de la dégradation des conditions de sécurité.
Au cinquième jour des bombardements de l’armée syrienne sur la banlieue et les quartiers sud de Damas, l’ONU a annoncé la suspension de ses opérations humanitaires, le retrait de l’ensemble de son "personnel international non essentiel" et le cantonnement dans la capitale du reste de ses employés.
Une agence de presse de l'ONU avait auparavant annoncé le départ dès cette semaine de 25 personnes sur la centaine que compte l'institution en Syrie. Selon IRIN, qui dépend du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), l'ONU a aussi décidé de suspendre tous les déplacements en dehors de Damas et de retirer certaines de ses agences de la ville d'Alep (nord), théâtre de combats entre l'armée syrienne et les opposants.