
L’Assemblée constituante égyptienne dominée par les islamistes a approuvé, vendredi matin, un projet de nouvelle Loi fondamentale, ouvrant la voie à un référendum constitutionnel dans un climat de vive contestation anti-Morsi.
Le président égyptien Mohamed Morsi a désormais "sa" Constitution. Alors que les manifestants campent depuis une semaine place Tahrir pour protester contre le décret présidentiel élargissant les pouvoirs du chef de l'État, l'Assemblée constituante a adopté ce vendredi matin les 234 articles de la nouvelle Loi fondamentale.
Bien qu'au cœur de l'antagonisme entre les Frères musulmans, désormais au pouvoir, et le camp libéral et laïque, la référence à la charia, la loi islamique, a été maintenue. L'article 2 du projet de Constitution voté par la commission prévoit que les "principes de la charia" constituent la "principale source de la législation", une formulation assez consensuelle en Égypte, qui ne fait pas des préceptes au sens strict de la loi islamique la source unique de la loi. L'article a été adopté à l'unanimité.
Parmi les changements notables, la limitation des mandats présidentiels. Désormais, le chef de l'État ne pourra plus se présenter devants les électeurs au-delà de ses deux mandats de quatre ans. Hosni Moubarak, renversé en février 2011, est resté près de trente ans au pouvoir.
L’opposition a néanmoins critiqué cette précipitation dans l'adoption d'une constitution qu'ils jugent prise en otage par les Frères musulmans et leurs alliés. Des militants d’opposition ont notamment dénoncé certains articles limitant selon eux la liberté d’expression.
"Il y a de bons articles, favorables aux libertés, mais il y en a d’autres qui sont catastrophiques, comme celui concernant les injures, qui pourrait être utilisé contre les journalistes critiquant le président ou d’autres représentants de l’Etat ", a dit le militant des droits de l’Homme Gamal Eïd.
Référendum à venir
itLe projet constitutionnel sera transmis dans la journée au président Morsi, qui doit le soumettre à référendum sous deux semaines.
Dans une allocution télévisée jeudi soir, le président égyptien a rappelé que son décret, qui protège ses décisions de tout recours en justice, ne s’appliquerait que pour une période "exceptionnelle".
"Cela se terminera dès que le peuple aura voté sur une constitution (...). Il n’y a pas de place pour la dictature ", a-t-il ajouté. Mohamed Morsi a également salué le rôle de l’opposition - "Je suis très heureux que l’Égypte ait une vraie opposition politique", a-t-il dit - tout en l’exhortant à ne pas diviser l’Égypte ni recourir à la violence.
L’adoption de cette nouvelle constitution intervient alors que l'Égypte traverse sa plus grave crise depuis l'élection, en juin dernier, de Mohamed Morsi. La décision du président de s'octroyer des pouvoirs exceptionnels, pour éviter notamment tout blocage du processus constitutionnel par des recours en justice, a provoqué les foudres de l'opposition égyptienne. Depuis le début des manifestations place Tahrir, trois personnes ont trouvé la mort et plusieurs centaines ont été blessées.
Certains opposants appellent à une nouvelle manifestation anti-Morsi vendredi place Tahrir, tandis que les islamistes préparent, de leur côté, des rassemblements de soutien au président, samedi.
France 24 avec dépêches