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Un reporter de FRANCE 24 blessé dans des affrontements à Siliana

Des violences ont éclaté mercredi à Siliana (sud-ouest de Tunis) entre forces de l'ordre et manifestants, faisant près de 200 blessés, dont le correspondant de FRANCE 24 David Thomson et son chauffeur, touchés par des tirs de chevrotine.

Près de 200 personnes ont été blessées mercredi au deuxième jour de violences entre manifestants et forces de l'ordre tunisiennes à Siliana, ville déshéritée au sud-ouest de Tunis, où les autorités ne semblaient pas en mesure de ramener le calme.

Parmi les victimes, David Thomson, correspondant de la chaîne d'information FRANCE 24 et son chauffeur (Hamdi Tlili) ont été touchés par des tirs de chevrotine. La police aurait tiré sur les manifestants. Le reporter ainsi que son collègue tunisien sont hors de danger. "Ça fait deux ans que je couvre des manifestations en Tunisie et je n’ai jamais vu un usage de la force aussi disproportionné, explique le reporter. Il n’y avait aucune retenue. La ville de Siliana est en feu!"

Les autres blessés souffrent d'impacts de munitions non létales, de contusions, de fractures et de coupures, a indiqué un médecin urgentiste de l'hôpital de Siliana interrogé par un journaliste de l'AFP. Plusieurs blessés, touchés aux yeux, ont dû être transférés à Tunis à la clinique ophtalmologique.

Le service des urgences était pourtant visiblement débordé, et des proches des victimes s'y étaient rassemblés pour manifester leur colère. "Nous allons brûler la ville", criait un homme dont le fils figure parmi les blessés.

Les tensions étaient accrues par des rumeurs faisant état de manifestants tués. Les sources hospitalières et policières interrogées par l'AFP sur place ont démenti dans l'immédiat tout décès.

Malgré des appels répétés, le ministère tunisien de l'Intérieur se refusait à tout commentaire sur ces affrontements. Il n'a pas non plus dressé de bilan.

Comme la veille, des manifestants ont bloqué des rues. Des axes de Siliana ont ainsi été barricadés notamment par des piles de pneus enflammés. En milieu d'après-midi, les affrontements ne faiblissaient pas entre la foule armée de pierres et les policiers. D'épais nuages de gaz lacrymogènes étaient visibles dans la ville.

Des milliers de manifestants s'étaient rassemblés à partir de 09H00 GMT mercredi devant les locaux du gouvernorat (préfecture) de Siliana.

Ils réclament notamment le départ du gouverneur, la libération de personnes détenues depuis avril 2011 et des aides économiques et sociales à cette ville déshéritée, comme l'essentiel des provinces de l'intérieur de la Tunisie.

"Les habitants de Siliana les plus touchés par la pauvreté ne se mettront jamais à genoux", a déclaré le secrétaire général du bureau régional de la centrale syndicale UGTT, Néjib Sebti, affirmant qu'ils étaient "prêts à mourir pour leurs droits".

FRANCE 24 avec dépêches