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Des trésors oubliés à l'honneur du festival "Toute la mémoire du monde"

Du 27 novembre au 2 décembre, la Cinémathèque française de Paris propose projections et animations autour de nombreux films restaurés à l’occasion de la première édition de son festival "Toute la mémoire du monde".

Un calme apparent règne à la Cinémathèque française de Paris mais, en coulisses, les équipes s’activent. Mardi 27 novembre s’ouvre la première édition du festival international du film restauré baptisé "Toute la mémoire du monde", référence éponyme au documentaire d’Alain Resnais, sorti en 1956.

Entièrement consacré aux films restaurés, ce festival permet de voir - ou revoir - de grands classiques du cinéma comme de découvrir des pépites oubliées. "L’idée du festival est de faire un état des lieux de ce qui se fait dans la restauration en proposant un large spectre de films", explique Pauline de Raymond, sa programmatrice.

"Un risque à prendre, un pari"

Avec une sélection éclectique de plus de 40 films, les cinéphiles devraient être comblés. Certaines restaurations, comme "Chantage", d’Alfred Hitchcock, ou "l’Évadée", d’Arthur Ripley, seront même présentées pour la première fois en France et "Falstaff", d’Orson Welles, en première mondiale.

Parmi les temps fort de la semaine, l’ouverture du festival, avec la projection de "Tess" en présence de son réalisateur, Roman Polanski, ou encore la présence de la grande danseuse et actrice Leslie Caron, 81 ans, qui viendra présenter pour la première fois en Europe "Que le spectacle commence", tandis qu’Omar Sharif sera sur place pour la projection d’une version spectaculaire de "Lawrence d’Arabie".

Une place particulière sera également faite à la période des débuts du cinéma sonore, entre 1900 et 1932. À l’époque, les films muets sont accompagnés de bonimenteurs qui bruitent et commentent les images en essayant d’être synchrones. Le film, qui prend alors une toute nouvelle dimension, devient spectacle, à l’instar du film  "L’hirondelle et la mésange", d’André Antoine - une rareté datant de 1920 restaurée numériquement à la cinémathèque française en 1980 mais jamais sorti en salles - que le quatuor parisien Voce accompagnera samedi 1er décembre. 

Au programme enfin, des films "plus fragiles et plus méconnus", poursuit Pauline de Raymond : "C’est aussi cela notre rôle", assure celle-ci, qui s’est dit particulièrement fière de présenter "Suzanne", un film de René Hervil et Louis Mercanton déjà restauré mais jamais programmé dont l’intégralité des rushs ont été retrouvés par la cinémathèque d’Amsterdam.

Martin Scorsese à l’honneur

Fervent défenseur de la préservation du patrimoine cinématographique, Martin Scorsese a procédé, pour le festival, à une sélection très personnelle de plusieurs films restaurés à travers la Film Foundation qu’il a fondée en 1990. "Martin Scorsese a toujours beaucoup œuvré pour que studios et archives travaillent ensemble. Notre hommage à son engagement a donc pris la forme d’une carte blanche", explique Pauline de Raymond.

Dans une vidéo enregistrée pour les festivaliers de "Toute la mémoire du monde", Martin Scorsese explique que "le danger est de nous désintéresser de ce que nous avons créé. Dans le cinéma, nous sentons à la fois le potentiel et la perte réelle du passé", déclare-t-il, ajoutant qu’avec le temps, il a "pris conscience de la fragilité des films".

Comprendre l’art de la restauration

Au-delà des projections, "Toute la mémoire du monde" proposera par ailleurs des ateliers et des conférences sur la question de la préservation des films. "Nous souhaitons aussi tenter de faire comprendre les méthodes et les enjeux de la restauration. C’est un vrai débat", conclut Pauline de Raymond, qui espère que ce premier rendez-vous saura séduire le public comme cela avait été le cas de  "Ciné mémoire", un festival sur cette même thématique organisé à Paris dans les années 1990. Depuis, seuls quelques cinémas de quartier ont conservé la tradition du vieux film remis au goût du jour, bien souvent dans sa qualité d’origine…

Tags: France, Cinéma,