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Le nouveau président suspend l'Assemblée et le Sénat

Andry Rajoelina a convoqué son premier conseil des ministres, à l'issue duquel il a suspendu l'Assemblée nationale et le Sénat dont les attributions sont confiées à une "haute autorité pour la transition vers la IVe République".

La crise de Madagascar est-elle en passe de s'achever ? S'il a suspendu, ce jeudi, les activités de l'Assemblée nationale et du Sénat, le nouveau président malgache, Andry Rajoelina, s'attaque à la remise en route de l'administration.

"La priorité est la mise en place de la transition et la sécurité publique", a déclaré à l'AFP le Premier ministre de transition, Monja Roindefo, avant le début du premier conseil des ministres présidé par Andry Rajoelina. La réunion se tient dans les bureaux de la présidence à Antananarivo. Le nouveau cabinet est encore incomplet et compte pour l'instant 12 membres.

La veille, la Haute Cour constitutionnelle (HCC) de Madagascar a officiellement entériné son accession au pouvoir.

"Avec cette décision, il y a un semblant de légalité dans sa prise de pouvoir", explique Virginie Herz, l’un des envoyés spéciaux de FRANCE 24 à Antananarivo.

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Quelques heures après la destitution de Marc Ravalomanana, le nouveau président malgache a reçu la visite informelle d’une délégation internationale composée de membres de l’Union africaine et de l’ambassade de France. "Il ne s’agissait que d’une visite de courtoisie, mais cela montre que le gouvernement de transition n’est pas isolé", analyse Cyril Vanier, lui aussi envoyé spécial de FRANCE 24 à Madagascar.

Andry Rajoelina s’est engagé, mercredi, devant 15 000 de ses partisans rassemblés sur la place du 13-Mai, haut lieu de son bras de fer de trois mois avec Marc Ravalomanana, à faire de la lutte contre la pauvreté et pour un meilleur partage des richesses sa priorité.

Virginie Herz, estime que "cette promesse risque d’être un véritable défi, à Madagascar, où plus de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour".

L’ancien maire de la capitale dispose désormais de deux années avant d’organiser des élections. Il doit former un gouvernement cette semaine. Son investiture officielle est prévue samedi.

Certains ministres ont déjà été nommés, d’autres doivent encore l’être. "La tâche s'annonce délicate", selon Virginie Herz. "De nombreux proches de Rajoelina espèrent être récompensés", explique-t-elle.

Visé par un mandat d'arrêt, l'ancien président a disparu. Estimant qu'il devait avoir trouvé refuge "dans une résidence d'ambassade à Antananarivo", M. Rajoelina a déclaré que le mandat d’arrêt n’était pas levé.

Il a ajouté qu'un certain nombre de "ministres suspects du gouvernement" précédent avaient interdiction de quitter le territoire. Selon Virginie Herz ils sont soupçonnés d’avoir détourné des fonds publics.

Encore sous le choc mais soulagés que la tension diminue, les habitants d'Antananarivo sont, quant à eux, partagés entre l'espoir d'un renouveau et une profonde amertume - les supporters de l'ex-chef de l'État dénoncent un "coup d'État".

Une centaine de personnes ont été tuées au cours de ces trois mois de crise politique.