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De tous les États indécis, c’est la Floride qui représente l’enjeu le plus crucial pour Barack Obama et Mitt Romney. Véritable miroir de l’Amérique, "le Sunshine State" a, depuis 1996, toujours penché du côté du futur président.

L’une des principales batailles de l’élection présidentielle américaine de 2012 se tient en Floride, l’État indécis ("swing state") le plus pourvu en terme de grands électeurs. Les Américains étant chaque année plus nombreux à s’installer sous le soleil floridien, l’État est passé de 27 à 29 grands électeurs à la suite du recensement de 2010, ce qui le place loin devant les autres "swing states" de poids que sont l’Ohio (18 grands électeurs) ou la Caroline du Nord (13 grands électeurs). 

Mais au-delà de son importance démographique, la Floride est surtout un véritable terrain d’étude pour les analystes politiques. De par sa composition éthnique, sociale et générationelle, l’État offre une image assez représentative de l'Amérique, ce qui lui permet de faire régulièrement office d’”État étalon”. Chaque élection est l’occasion de décrypter la manière dont se sont comportés ses communautés noires, hispaniques, ses retraités, ses chômeurs…

"Must Win" pour Mitt Romney

D’un point de vue comptable, le candidat républicain, Mitt Romney, peut difficilement se permettre d’être battu en Floride, lui qui semble avoir sécurisé moins de grands électeurs que son rival. La tâche ne s’annonce pas insurmontable : son prédécesseur en 2008, John McCain, n’y avait échoué que d’une courte tête.

Le conservateur peut notamment compter sur les nombreux seniors qui ont élu domicile en Floride. Cet électorat âgé, qui représente plus de 17 % de la population de l’État contre une moyenne de 13 % dans le reste du pays, est majoritairement conservateur et constitue une base solide du Parti républicain. Un sondage effectué en septembre par l’agence AP indique d’ailleurs que Mitt Romney dispose d’une confortable avance sur Barack Obama auprès des Floridiens de plus de 65 ans (52 % contre 41 %).

Obama favori des Latinos

Le camp démocrate compte, lui, sur une toute autre population pour tenter de conserver l’État, qu’il avait ravi aux républicains en 2008. Barack Obama sait qu’il jouit d’une belle popularité auprès des minorités noires et latinos qui composent une part importante de l’électorat (16 % de Noirs et 23 % de Latinos). Les électeurs non-blancs de Floride le soutiennent en effet à plus de 70 %, selon un sondage mené au début du mois d'octobre par l'agence de presse Associated Press.

Preuve de l’importance du vote latino, les stratèges démocrates n’ont pas hésité à confier au jeune maire de San Antonio, le Mexicain d’origine Julian Castro, le privilège d’ouvrir leur conférence, qui s’est tenue en septembre en Caroline du Nord. Tout est bon pour courtiser les Floridiens et leurs nombreux hispaniques car, comme le résumait l’un des proches conseiller d’Obama, David Plouffe, lors d’un récent meeting dans l’État : “Tout va finalement dépendre de vous”.

Une prophétie qui a toutes les chances de se réaliser si l’on se fie aux statistiques. Le démocrate Bill Clinton en 1996, le républicain George W. Bush en 2000 et 2004 puis le démocrate Barack Obama en 2008 : tous se sont emparés de la Floride dans leur marche vers la Maison Blanche. Deux républicains, deux démocrates au cours des 16 dernières années : reste à savoir quelle couleur revêtira la Floride au soir du 6 novembre 2012.