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Les rebelles musulmans et le gouvernement philippin signent un accord de paix

Le gouvernement philippin et le Front moro islamique de libération ont signé, ce lundi à Manille, un accord mettant fin à 40 ans de conflit. Cette feuille de route établit la création, d'ici 2016, d'une région autonome dans le sud de l'archipel.

Les chefs de la rébellion musulmane aux Philippines ont signé, lundi à Manille, une feuille de route avec le gouvernement prévoyant l'application d'ici à 2016 d'un accord de paix censé mettre fin à plusieurs décennies d'une insurrection meurtrière.

Manille et le Front moro islamique de libération (MILF) ont signé il y a une semaine un accord-cadre créant une zone semi-autonome sur les îles de Mindanao, dans le sud de l'archipel, où vivent entre 4 et 9 millions de musulmans sur 20 millions d'habitants.

Le chef du MILF, Mourad Ebrahim, ainsi que d'autres responsables de la rébellion, sont arrivés dimanche dans la capitale Manille pour parapher la feuille de route fixant le calendrier et les modalités d'application de cet accord-cadre.

"Nous sommes honorés d'être accueillis à Manille mais c'est juste le début d'un long chemin vers la paix", a déclaré dimanche à l'AFP Ghazali Jaafar, le vice-président du MILF chargé des affaires politiques.

En 1996, le gouvernement et MNLF ont signé un accord de paix créant une région autonome à Mindanao. Mais le modèle a échoué, selon Manille, et le nouvel accord doit lui substituer un cadre constitutionnel plus précis.

En échange de pouvoirs étendus en matière fiscale ainsi que d'une "partie équitable" des richesses de la région, le MILF renonce à l'indépendance et organise le désarmement de ses 12.000 hommes.

La charia, la loi islamique, sera appliquée au civil mais pas au pénal.

La "loi fondamentale" (Constitution) régissant le territoire devra être votée par le Parlement d'ici à 2015, puis ratifiée par référendum par la population locale.

Les musulmans considèrent Mindanao comme leur territoire ancestral, depuis l'époque des sultanats musulmans établis avant l'arrivée des catholiques espagnols au 16e siècle.

Le MILF et d'autres groupes rebelles se battent pour l'indépendance depuis le début des années 70. La guerre a fait plus de 150.000 morts et laissé des pans entiers de la région dans une immense pauvreté.

Dimanche, l'armée a annoncé que trois soldats avaient été tués par balles sur Mindanao par le groupe islamiste Abou Sayyaf, lié à Al-Qaïda, exclu de la négociation.

Fondé au début des années 1990, Abou Sayyaf a commis plusieurs attentats meurtriers, dont l'incendie criminel d'un ferry au large de Manille en février 2004 qui avait fait 116 morts.

Il est également à l'origine de la prise d'otages le 23 avril 2000 de 21 personnes, dont dix touristes occidentaux, sur l'île malaisienne de Sipadan, libérés contre des millions de dollars.

Abou Sayyaf ne compte plus que quelque 300 membres, mais il survit grâce au soutien de communautés musulmanes dans le sud des Philippines et à l'argent tiré des kidnappings et autres activités criminelles.

(FRANCE 24 avec dépêches)

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