Bravant l'interdiction qui lui a été faite d'exercer son métier, Jafar Panahi (photo) aurait tourné un nouveau film, selon son compatriote Abbas Kiarostami. En 2011, le réalisateur avait défié Téhéran en présentant un film à Cannes.
Plus d’un an après la présentation de son documentaire "Ceci n’est pas un film" à Cannes, le réalisateur iranien Jafar Panahi, assigné à résidence à Téhéran, pourrait être de nouveau sélectionné dans un grand festival international. C’est ce qu’a indiqué, jeudi 4 octobre, son compatriote Abbas Kiarostami en marge du Festival du film de New York.
Au site américain IndieWire, le cinéaste iranien a en effet confié que son confrère avait achevé la réalisation d’un nouveau long-métrage. "Il vient d’achever son second film depuis sa condamnation [en 2010, ndlr], a-t-il assuré. Je pense qu’il sera montré à un festival. Donc il fait des films en Iran. Je ne sais pas pourquoi mais c’est une réalité qui semble gêner certains." Producteur délégué de "Ceci n'est pas un film", Wide Management n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet.
"La situation est difficile pour tous"
Par ailleurs interrogé sur le sort réservé aux cinéastes en Iran, Abbas Kiarostami, dont le dernier film "Like someone in Love" a été tourné au Japon, a affirmé : "Certains d’entre nous restent en Iran, où ils subissent la censure et travaillent comme ils peuvent. D’autres, comme moi, ont décidé de tourner ailleurs. Tout le monde fait comme il peut. La situation est difficile pour tous".
Accusé de propagande contre le régime iranien, Jafar Panahi a été condamné en décembre 2010 à six ans d’assignation à résidence ainsi qu’à 20 années d’interdiction de voyager et d’exercer son métier. Véritable pied de nez aux autorités de Téhéran, "Ceci n’est pas un film", tourné chez lui, avait pourtant pu être projeté in extremis au Festival de Cannes 2011. Une copie du documentaire, enregistrée sur une clé USB, avait pu passer les frontières iraniennes dissimulée dans un gâteau.
Figure de proue de la Nouvelle vague iranienne, l’auteur du "Cercle" et de "Sang et Or" est présent, aux côtés des punkettes russes des Pussy Riot, parmi les cinq nominés en lice pour le Prix Sakharov décerné chaque année par le Parlement européen à des personnalités qui symbolisent le mieux la liberté d’esprit et d’expression.