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Le Conseil de sécurité de l'ONU condamne les tirs syriens en Turquie

L'ONU condamne "dans les termes les plus fermes" l’attaque syrienne qui a causé la mort de cinq civils turcs près de la frontière entre la Syrie et la Turquie et exige que "de telles violations du droit international cessent immédiatement".

Alors que depuis plus d’un an le Conseil de sécurité n'avance pas sur le dossier syrien  pour cause de vetos russe et chinois, l’escalade de la violence entre Damas et Ankara a réussi à mettre d’accord les membres de la famille onusienne sur une déclaration.
Après l’attaque syrienne le 3 octobre contre le village frontalier turc d’Akçacale, qui a fait cinq morts parmi les civils, et la riposte turque contre des positions de l’armée régulière syrienne dans la région de Rasm al-Ghazal, les 15 membres du Conseil ont appelé "le gouvernement syrien au plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de ses voisins", exigeant que "de telles violations du droit international cessent immédiatement et ne se répètent pas".
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"Les membres du Conseil de sécurité ont souligné que cet incident mettait en relief le grave impact de la crise en Syrie sur la sécurité de ses voisins et sur la paix et la stabilité dans la région", a par ailleurs déclaré le Conseil.

Tandis que la version proposée par la Russie, alliée de Damas, appelait la Turquie et la Syrie à faire preuve de retenue, le texte finalement adopté s’est contenté de condamner "dans les termes les plus fermes" l’attaque syrienne. Un compromis entre les États membres encore jamais vu depuis le début de la crise syrienne, en mars 2011. En effet, par trois fois des tentatives de résolutions visant à sanctionner le régime syrien ont été avortées en raison des vetos chinois et russe.
Calmer le jeu

Cependant, et alors que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s'est dit "alarmé",  Fabrice Balanche, directeur du Groupe de recherches et d'études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient, estime que le risque de conflit entre Damas et Ankara est inenvisageable. "Aucun des deux pays n’a intérêt à ce que la situation ne dégénère en guerre", déclare-t-il à FRANCE 24.             

Les déclarations des représentants des deux pays se veulent également rassurantes. "Nous n’avons pas l’intention de commencer une guerre. La République de Turquie est assez forte pour protéger ses citoyens et ses frontières. Personne ne devrait tester notre détermination à cet égard", a ainsi affirmé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan après avoir obtenu le feu vert du Parlement pour continuer ses représailles militaires contre la Syrie.
Cette réaction est due, selon Fabrice Balanche, au désir d’Erdogan de contenter la rue, émue par le drame d’Akçakale à un moment où le Premier ministre turc perd en popularité. "La population reproche à Erdogan sa politique syrienne", explique le chercheur, évoquant un sondage publié le 4 octobre par le quotidien " Hurriyet", selon lequel 64 % des Turcs sont contre une intervention en Syrie.
Damas, de son côté, "ne cherche pas l'escalade avec ses voisins, y compris la Turquie", a indiqué l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar Jaafari. "En cas d'incident frontalier entre deux États, les gouvernements doivent agir de manière sage, rationnelle et responsable". Depuis la riposte turque, la Syrie a d’ailleurs présenté ses condoléances et annoncé l'ouverture d'une enquête sur l'origine des tirs.
Selon des diplomates, le Conseil de sécurité devrait également adopter le 5 octobre une déclaration dénonçant les attentats commis à Alep (nord de la Syrie) cette semaine, qui ont fait au moins 48 morts, en majorité des militaires.

Les zones de tensions à la frontière syro-turque