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Pendant 90 minutes, lors du premier débat télévisé avant la présidentielle, les deux candidats se sont opposés sur les thèmes de l’économie et de la santé. Plus pugnace, Mitt Romney est jugé vainqueur de ce débat très technique.

Mitt Romney a relevé le défi. Lors de ce premier débat de la campagne présidentielle, seul le candidat républicain, en retard dans les sondages, s'est révélé incisif et clair. Le président Barack Obama s'est montré, pour sa part, plus mal à l'aise. Et les politologues, eux, se sont ennuyés.

Le calendrier de la campagne présidentielle

- 11 octobre : Débat entre les deux candidats à la vice-présidence, Joe Biden et Paul Ryan (Danville, Kentucky).
- 16 octobre : Deuxième débat Obama-Romney (Hempstead, New York), ouvert aux questions au public.
- 22 octobre : Troisième et dernier débat Obama-Romney, sur la politique étrangère (Boca Raton, Floride).

Pendant 90 minutes, sur le campus de l'université de Denver (Colorado), les deux candidats ont débattu de la fiscalité, du déficit fédéral, de l’emploi, du système de santé, mais aussi de l’indépendance énergétique. Ce face-à-face est loin d’avoir passionné les politologues, à l’image de Larry Sabato, directeur de l’institut politique de l’université de Virginie, qui qualifie le débat de "terne". Thomas Mann, politologue à la Brookings Institution, un think tank basé à Washington, regrette pour sa part "qu'il n'y ait pas eu plus de sang sur le ring".

Si le président Obama, en costume foncé et cravate bleue, a ouvert le débat sur le terrain économique, c’est le candidat républicain qui a attaqué le premier en affirmant que l’économie américaine avait suivi un "chemin infructueux" depuis l’arrivée du démocrate à la Maison Blanche en janvier 2009. Costume bleu nuit et cravate rayée rouge, l’ancien gouverneur républicain du Massachusetts (nord-est) n’a pas hésité à rappeler que la classe moyenne avait été "dévastée", terme employé malencontreusement par le vice-président Joe Biden en début de semaine. Celui-ci avait en effet déclaré : "La classe moyenne a été dévastée ces quatre dernières années".

Déficit abyssal du budget américain

"Le président a une vision très similaire à celle qu'il avait quand il s'est présenté il y a quatre ans, celle d'un gouvernement plus important, avec plus de dépenses, plus d'impôts, plus de régulations", a lancé le candidat conservateur. Avant d’ajouter : "Continuer avec le statu quo ne fait pas l’affaire des Américains aujourd’hui".

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Sur le volet fiscal, les deux adversaires se sont livrés à une passe d’armes de chiffres. Le président démocrate a assuré que le plan de Mitt Romney allait creuser le déficit de 5 000 milliards de dollars supplémentaires, ce que le républicain a vigoureusement démenti. "Pratiquement tout ce qu'il a dit à propos de mon projet fiscal est inexact", a estimé Mitt Romney. Le candidat républicain a soutenu qu'il n'était pas question de baisser les impôts des plus fortunés et promis que son projet n'aggraverait pas le déficit déjà abyssal du budget américain.

"Pendant 18 mois, il a fait campagne sur son projet fiscal et maintenant, à cinq semaines de l'élection, il dit ‘oubliez ça’ à propos de sa grande idée", s’est moqué Barack Obama. Avant de poursuivre : "Si vous avez une approche aussi déséquilibrée, cela signifie que vous allez tailler à la hache dans nos investissements dans les écoles et l'éducation".

La question de l'assurance-maladie a également donné lieu à un échange tendu entre les deux hommes. Quand Mitt Romney a répété sa volonté d'abroger la réforme santé promulguée en 2010 par le président démocrate, Barack Obama a vivement réagi : "L'ironie, c'est que nous avons vu ce modèle fonctionner vraiment bien au Massachusetts", où l’ancien gouverneur Mitt Romney a justement mis en place une réforme étonnement similaire au tant décrié "Obamacare".

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"Romney incisif, Obama en retrait"

Pour refermer le débat, Barack Obama a simplement dit que, si il est élu, il continuera le travail commencé tandis que Mitt Romney s’est engagé à créer 12 millions d'emplois. Une conclusion qui résume bien le décalage entre les deux candidats, selon Cyril Vannier, envoyé spécial de FRANCE 24 à Denver : "Romney s'est montré incisif tandis que Obama est resté en retrait".

Pour Marjorie Paillon, consultante FRANCE 24 pour les élections américaines, Mitt Romney a réussi à redorer son blason sur les questions économiques. "Il a marqué des points auprès de la classe moyenne car il a montré qu’il n’était pas qu’un simple homme d’affaire mais aussi un politicien". “C’est une des meilleures prestations de Romney et cela pourrait [le] relancer”, estime de son côté Karlyn Bowman, analyste au sein du think tank conservateur American Enterprise Institute.

Surtout que face à lui, le président sortant n’a pas brillé autant qu'espéré par les démocrates. Un certain nombre d'entre eux lui reprochent sur Twitter d’être passé à côté de plusieurs opportunités, indique Larry Sabato de l’université de Virginie. Obama n'a en effet pas mentionné une seule fois le passé controversé de Mitt Romney à la tête du fonds d’investissement Bain Capital, ni la fameuse vidéo dans laquelle on voit le candidat conservateur évoquer la mentalité de "victimes" de 47 % des Américains.

Reste à savoir si l’avantage de Mitt Romney se traduira dans les sondages des prochains jours. En attendant, selon une étude d’opinion de CNN à l’issue du débat, c’est bien le républicain qui en est sorti vainqueur pour 67 % des personnes interrogées.