
Le ministre grec des Finances prévoit d'importantes coupes budgétaires pour 2013 afin d'éviter au pays un défaut de paiement et la sortie de la zone euro. Les Grecs devraient subir une sixième année consécutive de récession.
La Grèce devrait connaître une sixième année de récession en 2013, selon les premières fuites de l'avant-projet de budget déposé lundi au parlement, alors que le gouvernement reprenait ses discussions sur le calendrier des coupes budgétaires exigées par les créanciers du pays.
Le PIB grec devrait se contracter d'environ 4% en 2013 après un recul de plus de 6% en 2012, selon les prévisions contenues dans le texte de l'avant-projet de budget 2013, qui devait être introduit vers 13H00 GMT au parlement, a indiqué l'agence de presse semi-officielle Ana.
Avec cette poursuite de la récession pour la sixième année consécutive, le budget prévoit aussi un assainissement de la situation budgétaire du pays, avec pour la première fois depuis très longtemps un "excédent budgétaire primaire (hors service de la dette) de 1,1% du PIB" en 2013, contre 1,8% prévu initialement, selon l'Ana.
Le ministre des Finances, qui a préparé le budget, a reçu à 11H00 GMT les représentants de la troika des créanciers de la Grèce (UE, BCE et FMI) pour leur présenter les derniers détails des douloureuses coupes sur lesquelles les trois partis de la coalition gouvernementale ont fini par se mettre d'accord la semaine dernière sous la pression des créanciers.
L'adoption de ces nouvelles économies --portant au total sur quelque 13,5 mds d'euros-- est une condition préalable pour le déblocage à la Grèce d'une tranche vitale de 31,5 milliards d'un prêt international de 130 mds consenti au printemps pour renflouer ses finances.
Les Allemands Matthias Mors (UE), Klaus Masuch (BCE), ainsi que le Danois Poul Thomsen du FMI doivent rencontrer en début de soirée le Premier ministre Antonis Samaras qui a par ailleurs rencontré dans la journée des représentants de l'Union des armateurs, souvent critiqués pour ne pas payer d'impôts en Grèce, à qui il a demandé leur soutien "en ce moment difficile".
Selon une source du ministère des Finances vendredi, les mesures d'austérité discutées, dont la moitié au moins est contenue dans l'avant-projet de budget, comprennent environ 7 milliards d'euros de coupes dans les retraites, les salaires de certaines catégories de fonctionnaires (juges, universitaires, policiers ou pompiers) et les aides sociales. Près de 3,5 milliards d'euros d'économies proviendraient "de réformes structurelles" dans la fonction publique via notamment le départ à la retraite anticipée de près de 15.000 fonctionnaires. Enfin les recettes fiscales devraient augmenter de 3 milliards sur les deux années.
Ces nouvelles mesures font suite à trois ans d'austérité draconienne imposée au pays en échange de prêts internationaux par la zone euro et le FMI pour lui éviter un défaut de paiement et une sortie de l'euro.
"Le paquet est très douloureux mais rien ne peut se faire" pour l'alléger, avait admis samedi le ministre adjoint des Finances, Christos Staïkouras, lors d'une conférence à Athènes, cité lundi par le quotidien financier Naftémporiki.
Dans la rue lundi, après des manifestations ayant réuni plus de 50.000 personnes la semaine dernière contre l'austérité, les commentaires étaient désabusés.
"Le gouvernement disait en 2009 que nous allions sortir du tunnel en 2013 mais je constate que le tunnel va se poursuivre. Je ne vois pas d'avenir, il n'y a pas d'espoir", a déclaré à l'AFP Costas Kouvelis, salarié du privé.
"Nos salaires, qui s'élevaient auparavant à 1.300-1.400 euros, sont désormais de 900 euros. Actuellement je ne suis pas payé, je vis en empruntant de l'argent ici ou là", ajoute Constantin Yannoutsos, fonctionnaire.
Les syndicats s'apprêtent à une nouvelle mobilisation prochainement tandis que le puissant syndicat Genop du groupe public d'électricité DEI (PPC en anglais) a entamé lundi des grèves de 48 heures reconductibles.
La Bourse d'Athènes qui avait démarré en hausse de 2,12% à 754,76 points se repliait à la mi-journée à +0,33% à 741,55 points.
L'action de la banque grecque Alpha s'est envolée à plus de 13% vers 08H00 GMT, une heure après l'annonce de l'ouverture de négociations exclusives avec le groupe français Crédit agricole sur la cession d'Emporiki, filiale grecque de ce dernier.
AFP