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Le procès en appel des trois jeunes femmes du groupe Pussy Riot, condamnées chacune à deux ans de camp pour une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou, a été repoussé au 10 octobre.

Le tribunal municipal de Moscou a reporté au 10 octobre le procès en appel de trois membres du groupe Pussy Riot. Cette annonce intervient après que Ekaterina Samoutsevitch, l'une des trois jeunes femmes mises en cause, ait révoqué ses avocats pour cause de désaccord sur la gestion de l’affaire.

Plus tôt, les avocats de la défense avaient déclaré qu’ils se faisaient peu d'illusions sur l'issue de l'appel. "Nous n'avons pratiquement pas d'espoir que le jugement change", a confié à l'AFP l'avocate Violetta Volkova. "Le maximum sur lequel nous puissions compter est une réduction de six mois de la peine", a-t-elle ajouté, estimant par ailleurs que "seule une relaxe" pouvait constituer un "jugement légitime".

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, ont été condamnées le 17 août à deux ans de camp chacune pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse" pour avoir chanté une "prière punk" anti-Poutine dans la cathédrale de Moscou.

Si cette condamnation et le traitement des jeunes femmes, incarcérées depuis février dans des conditions difficiles, suscitent l’indignation à travers le monde, en Russie, l’affaire divise. La semaine dernière, des incidents ont éclaté avec des militants orthodoxes à l'ouverture à Moscou d'une exposition d'art moderne comprenant notamment des icônes à l'effigie de membres du groupe contestataire.

L’Église orthodoxe et le pouvoir empêtrés dans l’affaire

Le Kremlin et l’Église orthodoxe, dont la relation de proximité est régulièrement dénoncée par l'opposition, ne cessent de souffler le chaud et le froid, à l’image du président Vladimir Poutine qui avait recommandé l'indulgence début août, tout en arguant que les trois jeunes femmes s'étaient livrées à un véritable "sabbat" dans une église orthodoxe et que l'État avait "l'obligation de protéger les sentiments des croyants".

Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, qui avait incarné pendant ses quatre années à la présidence (2008-2012) des espoirs de libéralisation de la Russie, a jugé mi-septembre la peine "sévère", tout en disant que l'affaire lui donnait "la nausée".

Du côté de l’Église orthodoxe, le Patriarcat, qui avait d'abord demandé la punition des jeunes femmes, a prôné la clémence juste après l'annonce du jugement. Dimanche 30 septembre, le porte-parole de l' Église orthodoxe, Vladimir Legoïda, a déclaré que la performance des jeunes punkettes "ne devait pas rester impunie quelle que soit sa justification". Il a appelé les jeunes femmes à "se repentir". "Si certaines paroles des condamnées montrent qu'elles se repentent, [...], nous aimerions que cela ne soit pas ignoré", a-t-il ajouté.

Réagissant à cette déclaration, l'un des avocats des Pussy Riot, Mark Feigin, a asséné sur la chaîne de télévision indépendante Dojd : "Si l'Église demande un acte de repentance pour un crime, [...] cela ne se produira pas. Nos clients n'admettront pas leur culpabilité. Le leur demander est superflu".

Dans une lettre ouverte écrite en prison et publiée jeudi 27 septembre, les trois jeunes femmes ont jugé leur cas emblématique du "non-droit absolu" qui règne selon elles en Russie, rendant hommage à leurs avocats qu'elles estiment dignes du Prix Nobel de la paix.

À l’étranger, les marques de soutien continuent d’affluer depuis le verdict du 17 août. L'icône de la démocratie birmane Aung San Suu Kyi a appelé récemment à leur libération, la veuve de John Lennon, Yoko Ono, leur a décerné son prix pour la paix intitulé "LennonOno", et le Parlement européen a décidé de présenter leur candidature pour le prestigieux Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit.

FRANCE 24 avec dépêches