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L'avenir de la Grèce au cœur de la rencontre Merkel-Hollande

Pour sa première visite de la rentrée à Berlin, le président français entend défendre "l'intégrité de la zone euro" auprès de la chancelière allemande. Ensemble, ils rencontreront également le Premier ministre grec, Antonis Samaras.

AFP - Angela Merkel et François Hollande devaient tenter de surmonter leurs divergences sur la crise de l'euro jeudi soir à Berlin, au moment où la Grèce plaide pour son avenir dans la zone euro.

Cette rencontre entre la chancelière allemande et le président français constitue une nouvelle étape du ballet diplomatique au cours duquel pourrait être décidé un assouplissement des conditions d'austérité demandées par Athènes en échange de son sauvetage financier.

Les deux responsables doivent se retrouver à 17H00 GMT pour un dîner de travail. Aucune conférence de presse commune n'est prévue mais de simples déclarations dès l'arrivée du président français à la chancellerie, ce qui devrait éviter de souligner les différences.

"Ce dont on parle, ce n'est pas de savoir si la Grèce va tenir deux ou trois semaines de plus mais ce qu'il adviendra à l'horizon de 2020", a indiqué une source proche des discussions à Paris.

"François Hollande cherche à sortir du court terme, d'où la discussion sur l'union économique et monétaire ou l'union bancaire. C'est aussi un retour à une méthode classique du franco-allemand, on se parle pour s'assurer qu'on ne diverge pas", a ajouté la source.

La Grèce, entrée dans sa cinquième année de récession, doit réaliser 11,5 milliards d'économies à travers des coupes budgétaires drastiques et des réformes structurelles.

Le Premier ministre grec Antonis Samaras a dit lors de sa campagne électorale vouloir obtenir un sursis de deux ans renvoyant à 2016 l'assainissement de ses comptes publics jusque là prévu pour 2014.

"Nous sommes sûrs que la crédibilité du pays sera rétablie", a-t-il assuré lors d'une rencontre avec le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker, mercredi à Athènes.

M. Juncker a assuré la Grèce de son soutien, tout en rappelant que "la priorité numéro un" du pays devait être l'assainissement de ses finances, via une "stratégie robuste et crédible". "Dans l'immédiat, la balle est dans le camp grec. En fait, c'est la dernière chance et les Grecs doivent le savoir", a-t-il averti.

"Tout ce que nous voulons, c'est un peu d'air pour respirer, remettre l'économie en route et accroître les revenus de l'Etat", a plaidé M. Samaras qui doit s'entretenir avec Angela Merkel vendredi à Berlin, et avec François Hollande samedi à Paris.

Donner "plus de temps (à Athènes) n'est pas une solution au problème. (...) Plus de temps signifie (...) plus d'argent", lui a vertement répondu le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble jeudi sur la radio allemande, précisant toutefois comprendre la situation difficile du pays.

Face à la France perçue comme plus souple, l'Allemagne refuse dans l'immédiat toute renégociation du plan d'aide et Mme Merkel a réaffirmé mercredi en Moldavie qu'elle ne prendrait aucune décision avant un rapport de la Troïka (UE-FMI-BCE) attendu pour septembre.

Ce rapport doit évaluer l'avancement du programme de réformes demandées à Athènes, dont dépend le versement d'une tranche d'aide supplémentaire de 31,5 milliards d'euros.

Sans argent frais, le gouvernement grec pourrait se retrouver rapidement en défaut de paiement, une situation synonyme de sortie de la zone euro selon certains analystes.

"Le point de départ pour le président (français) est que la Grèce doit rester dans la zone euro", précisait-on à Paris.

"Une +Grexit+ (pour Grèce et exit) comme on l'appelle, serait dévastatrice pour la Grèce et préjudiciable pour l'Europe", a déclaré M. Samaras jeudi au journal le Monde. "Les bouleversements sociaux pourraient devenir très contagieux dans les autres pays européens", selon lui.

L'aide à la Grèce est un dossier brûlant pour Angela Merkel, qualifié par le magazine Forbes de femme la plus puissante du monde pour la cinquième fois en six ans.

A un an des législatives en Allemagne, la chancelière veut éviter de devoir faire voter de nouveau les députés du Bundestag sur ce dossier.

L'aile droite de sa coalition des conservateurs (CDU/CSU) et libéraux (FDP) rejette tout délai pour Athènes, tandis que l'opposition de gauche, à la traîne dans les sondages, a averti qu'elle ne voterait aucun nouveau paquet d'aide.

M. Hollande doit affronter lui aussi une situation intérieure difficile. Elu sur la promesse de réduire le chômage, il tente de tenir un cap de rigueur budgétaire sans casse sociale malgré des prévisions de croissance en berne.