L'île seychelloise de l'héritière de l'Oréal, au cœur d'une affaire de fraude fiscale présumée, a été rachetée par la fondation suisse Save our seas pour un montant de 48,7 millions d'euros. l'ONG souhaite transformer le site en réserve naturelle.
Reuters - Le gouvernement des Seychelles a annoncé mardi la vente par l'héritière de
l'Oréal Liliane Bettencourt de son île d'Arros, qui est au coeur d'une fraude fiscale et dont l'acquisition entachée d'illégalité lui vaudra une amende.
L'île a été achetée pour 60 millions de dollars (48,7 millions d'euros) par une entreprise liée à la fondation suisse Save our seas (SOSF, Sauvez nos mers), qui souhaite la
transformer en réserve naturelle.
"Nous sommes très contents parce que les nouveaux propriétaires sont soucieux de la préservation de l'environnement, ils l'ont prouvé par leurs actes avec 150 projets dans 42 pays", a déclaré aux journalistes le ministre seychellois de l'Environnement et de l'Energie Rolph Payet.
L'un des projets de SOSF est la protection des requins et l'île d'Arros ne bénéficiait jusqu'ici d'aucune mesure de protection, a-t-il ajouté. "Tout le monde pouvait y aller et
faire ce qu'il voulait", a-t-il dit.
Le ministre seychellois de l'Habitat Christian Lionnet a précisé que la publicité faite autour de l'affaire Bettencourt avait permis aux autorités de découvrir que la milliardaire française avait violé la législation en n'informant pas le gouvernement local de l'achat de l'île.
Liliane Bettencourt devra payer une amende de 8 millions de dollars (6,5 millions d'euros) pour régulariser l'achat effectué en 1997 et non déclaré au fisc français.
Un responsable de la communication de Liliane Bettencourt a démenti que l'accord de vente permet à la milliardaire de séjourner sur l'île jusqu'à sa mort, ce qu'avaient pourtant affirmé les autorités seychelloises.
Le fisc français a réclamé en novembre 2001 près de 108 millions d'euros d'impôts impayés à Liliane Bettencourt après la découverte de comptes occultes à l'étranger et de l'île.
L'île d'Arros, possédée par Liliane Bettencourt via une fondation au Liechtenstein, est une des facettes de cette affaire politico-judiciaire qui défraye la chronique en France.
Le domicile et les bureaux de Nicolas Sarkozy ont été visés début juillet par plusieurs perquisitions pour déterminer s'il a reçu des fonds de la milliardaire dans le cadre de sa campagne électorale victorieuse de 2007.
Plusieurs interrogatoires de l'ex-gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt Patrice de Maistre, écroué durant trois mois, ont été menés sur les quatre millions d'euros en espèces qu'il a fait extraire des comptes suisses de Bettencourt en 2007-2009, particulièrement sur deux retraits de 400.000 euros chacun au moment de la campagne Sarkozy.
L'ancien président française a démenti tout financement illégal de sa campagne mais le trésorier de l'UMP à l'époque, l'ancien ministre Eric Woerth, est mis en examen dans l'enquête.