AFP - La plainte déposée par l'artiste contestataire Ai Weiwei contre un énorme redressement fiscal le visant a été rejetée vendredi par un tribunal de Pékin, a annoncé l'un de ses avocats.

"Le bureau des impôts (...) n'a accepté aucun de nos arguments", a dit Me Pu Zhiqiang, au sujet de la plainte de Ai contre un redressement du fisc de 15 millions de yuans (1,7 million d'euros) imposé à Fake Cultural Development Ltd, une entreprise créée par l'artiste mais enregistrée au nom de son épouse.

"Je suis très déçu", a dit Ai Weiwei à des journalistes à l'extérieur de son studio de Pékin.

Peu avant, Ai avait déclaré ne pas avoir été autorisé à assister à l'annonce de la décision du tribunal pékinois de Chaoyang sur sa plainte, intervenant un mois après l'audience sur cette même affaire.

"Aujourd'hui je suis de nouveau confiné chez moi. Le PSB de Pékin (Bureau de la sécurité publique) ne m'autorise pas à aller au tribunal", a annoncé dans un message sur Twitter l'artiste de 54 ans.

"Ce pays a encore prouvé au monde que la loi et la justice n'existent pas ici", a ajouté le sculpteur, plasticien, architecte.

Vendredi, de nombreux policiers étaient présents à l'extérieur de son atelier de même qu'autour du tribunal, d'où un journaliste de l'AFP a été sommé de partir.

Le rejet de cette plainte n'a pas supris l'avocat de Ai, qui va interjeter appel dans les 15 jours légaux, a annoncé l'artiste. "Nous devrions pouvoir gagner, mais d'après ce que nous avons vu jusqu'ici, c'est très improbable", avait dit jeudi, désabusé, Me Pu Zhiqiang à l'AFP.

Après avoir enduré une longue détention l'an dernier dans un lieu tenu secret, déjà au motif d'évasion fiscale présumée, Ai Weiwei avait été visé par ce redressement fiscal colossal et avait décidé de porter plainte contre la direction des impôts de Pékin.

Selon Ai, ce redressement fiscal n'est qu'une mesure politique destinée à le "briser" et les autorités lui refusent de surcroît des moyens équitables de se défendre.

Ai avait été détenu dans un lieu inconnu de début avril à fin juin 2011, ce qui avait soulevé une vague d'indignation à travers le monde. Il a ensuite vécu sous surveillance, sans pouvoir quitter Pékin pendant un an.

Une mesure qui a été levée le mois dernier, même s'il ne peut toujours pas quitter la Chine faute de passeport.

L'artiste polyvalent et mondialement connu, qui a participé à la conception du célèbre Nid d'oiseau, le stade des jeux Olympiques de Pékin en 2008, est un farouche critique du régime communiste chinois.

Il avait notamment enquêté sur l'effondrement d'écoles lors du séisme de 2008 dans la province du Sichuan et sur un incendie qui avait fait des dizaines de victimes en novembre 2010 à Shanghai.