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À Paris, les Amis du peuple syrien accentuent la pression sur Damas

En présence de nombreux délégués d'une centaine de pays, François Hollande a réclamé vendredi le durcissement des sanctions contre Damas. Il a aussi demandé à l'ONU d'agir "le plus vite possible" contre le régime "détestable" de Bachar al-Assad.

Après Tunis et Istanbul, la troisième réunion du Groupe des amis du peuple syrien s’est tenue ce vendredi 6 juillet, dans le Centre de conférences ministérielles à Paris. Des délégations de ministres et de diplomates issus d’une centaine de pays occidentaux, africains et arabes se sont retrouvées dans la capitale française pour, d’une part, afficher leur soutien au peuple syrien et, d’autre part, exiger le départ du président Bachar al-Assad. Et ce, en présence de près d’une centaine de représentants de l'opposition et de la société civile syrienne.

"Cette réunion a suscité une mobilisation record, puisque le nombre de participants est supérieur à ceux des deux autres réunions, ce qui montre la pression croissante qui s’abat sur le régime syrien meurtrier du clan Assad", a indiqué à FRANCE 24 Bernard Valero, porte-parole du Quai d’Orsay. Au terme de la conférence, il été décidé "d'accroître massivement l'aide à l'opposition", notamment par des moyens de communication. Les participants ont également convenu d'organiser leurs prochaines rencontres au Maroc puis en Italie.
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"Une démonstration de force par le nombre"
À Paris, les Amis du peuple syrien accentuent la pression sur Damas
Hollande et Clinton en faveur d'une résolution de l'ONU
Lors de son discours inaugural, le président français François Hollande a mis l'accent sur le bilan, "terrible et insupportable pour la conscience humaine", de la campagne de répression menée par les forces de Bachar al-Assad depuis mars 2011. Évoquant la "chute inéluctable" du président syrien et de son régime "détestable", le chef de l’État a affirmé que le but de cette réunion est d"’encourager le Conseil de sécurité à prendre le plus vite possible ses responsabilités", afin "de mettre fin à cette tragédie morale". L’hôte de l’Élysée s’est par ailleurs adressé directement à la Chine et à la Russie, deux pays membres du Conseil de sécurité, qui n’étaient pas représentés. "À ceux qui soutiennent que le régime de Bachar al-Assad, aussi détestable soit-il, peut permettre d'éviter le chaos, je veux leur dire qu'ils auront et le régime le plus détestable et le chaos, et ce chaos menacera leurs intérêts", a-t-il affirmé.
Placée aux côtés du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton a, elle aussi, insisté sur le rôle des Chinois et des Russes dans la crise syrienne. "Cela ne suffit pas de venir à une réunion des Amis de la Syrie, le seul moyen d'obtenir des résultats est que chaque pays représenté ici fasse comprendre à la Russie et à la Chine qu'il y a un prix à payer", a-t-elle martelé. La secrétaire d’État a également réclamé l’adoption d’une résolution de l'ONU sous chapitre VII, qui inclut des sanctions ou un éventuel recours à la force.
Il faut aller au-delà des "belles déclarations"
De nombreux représentants de l’opposition syrienne ont également pris la parole. Ryad Seif, membre du Conseil national syrien (CNS), expliquait, en coulisses, que la tenue d’une telle réunion était nécessaire. Il a toutefois souligné qu’il fallait un peu plus que de "belles déclarations" pour arrêter les massacres.
À quelques mètres de la salle de conférence, à l’intérieur de la Maison des Amis du peuple syrien inaugurée la veille dans le même centre, des ONG syriennes se sont montrées attentives aux discours. Présent sur place, le docteur Anas Chaker, membre de l’Union des organisations syriennes de secours médicaux, dévoile ses attentes. "Nous espérons que le soutien moral apporté au peuple syrien par ce type de réunion se traduira par un soutien matériel, notamment médical et humanitaire", explique-t-il à FRANCE 24. "Nos collègues en Syrie n’arrivent plus à couvrir les besoins des blessés à l’intérieur du pays. Il faut que les décisions politiques prennent en compte le contexte difficile que traverse la population, victime de massacres", a-t-il ajouté.
De son côté, "Samar", responsable de l’ONG "Souria Houria", un groupe de soutien à la révolte du peuple syrien, souhaite qu’il y ait des actions concrètes sur le terrain. "Le pays est en train d’être détruit et la population qui se fait massacrer est livrée à elle-même. Il est grand temps qu’il ressorte quelque chose d’efficace de toutes ces réunions diplomatiques, ce n’est pas toujours le cas malheureusement depuis plus d’un an", juge-t-elle. Interrogée par FRANCE 24, elle rejette les critiques qui s’abattent sur l’opposition, décrite par certains diplomates européens comme trop désunie. "Il y a peut-être des divergences de vue au sein de l’opposition, mais il existe un consensus sur la nécessité de voir le régime tomber, il faut par conséquent arrêter d’utiliser cet argument pour ne rien faire", conclut-elle.