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La hausse de 2 % du smic fustigée par les syndicats

Promesse de campagne de François Hollande, le salaire minimum garanti sera augmenté de 2 % au 1er juillet, a annoncé ce mardi le ministre du Travail Michel Sapin. Une mesure qui satisfait le patronat mais qui déçoit les syndicats.

REUTERS - Le salaire minimum garanti sera augmenté en France de 2%, inflation comprise, le 1er juillet, une hausse jugée raisonnable par le patronat mais totalement insuffisante par les syndicats.

Cette revalorisation, promesse de campagne de François Hollande, a été annoncée mardi aux partenaires sociaux par le ministre du Travail, Michel Sapin, lors d’une réunion de la Commission nationale de la négociation collective.

Six mois avant la revalorisation annuelle du salaire minimum, elle tient compte de l’inflation intervenue depuis la dernière hausse du smic, entre novembre et avril derniers, soit 1,4%, plus un coup de pouce de 0,6%, le premier depuis 2006.

« Ça fait six ans que les salariés au smic n’ont pas connu de coup de pouce. Nous rompons donc avec ce qui était la politique précédente du gouvernement », a souligné Michel Sapin.

Il a rappelé que le dernier coup de pouce avait été de 0,3%, le précédent, cinq ans avant, de 0,3% également, et celui d’avant, de 0,46%.

Le salaire minimum horaire brut en France , qui est aujourd’hui de 9,22 euros bruts de l’heure, sera porté au 1er juillet à 9,40 euros, et le salaire minimum mensuel brut de 1.398,37 à 1.425,67 euros pour un temps plein.

Cette hausse de 2% représentera 21,50 euros net de plus par mois pour un salarié payé au smic. Michel Sapin n’a en revanche pas pu chiffrer le coût total de la mesure.

Le patronat, très inquiet à l’idée d’une hausse importante qui risquerait de laminer la compétitivité des entreprises, a plutôt salué la modération du coup de pouce annoncé.

« Raisonnable » pour le Medef

« C’est une mesure, qui par rapport à ce qui était annoncé, est raisonnable », a dit à la presse Benoît Roger-Vasselin, président de la commission sociale du Medef.

La patronne du Medef, Laurence Parisot , a estimé que la hausse aurait peu d’incidence sur l’emploi et rappelé que le patronat voulait la limiter « en fonction de l’inflation ».

« Le gouvernement a été au delà, mais dans des proportions qui témoignent qu’il a intégré la réalité de l’économie d’aujourd’hui et l’objectif premier qui est l’emploi, l’emploi et l’emploi », a-t-elle ajouté lors d’un point de presse à l’issue d’une réunion avec les patrons européens à Bruxelles.

La Confédération régionale du patronat et des petites et moyennes entreprises (CGPME) est plus critique et estime que cette mesure va « pénaliser les entreprises », les poussant à « des arbitrages douloureux au détriment de l’emploi de l’investissement ».

De leur côté, les syndicats ont fustigé une décision qu’ils considèrent « tout à fait symbolique », et qui lance, d’après eux, « un mauvais signe » aux salariés.

« C’est la déception qui domine après la décision du gouvernement. Je ne sais même pas s’il faut retenir la notion de coup de pouce après cette annonce. On est plus dans la mesure symbolique, une mesure politique », a déclaré sur RTL Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT.

« Le chiffre est de 0,6% (...) on a fait le calcul, c’est une baguette de pain par semaine, c’est pas avec ça qu’on va dynamiser la politique des salaires en France », a dit aux journalistes Paul Fourier, membre de la commission exécutive de la CGT, à l’issue de la réunion avec le ministre.

Mais Michel Sapin a rappelé qu’il s’agissait du coup de pouce le plus important depuis 15 ans, et s’est félicité de la prise en compte anticipée de l’inflation, intervenant habituellement en fin d’année, et qui constitue d’après lui un soutien immédiat au pouvoir d’achat.

« Substantielle sans déstabiliser l'économie »

« Revaloriser plus tôt, c’est faire gagner de l’argent aux salariés, (...) c’est en soi positif », a-t-il dit, indiquant que 90 euros seraient ainsi gagnés par les salariés sur les six derniers mois de l’année.

L’arbitrage proposé par le gouvernement, et qui sera soumis mercredi au conseil des ministres, tient compte à la fois des salariés les plus fragiles et de la situation économique, notamment des PME qui emploient les trois quarts des salariés qui touchent le smic, a précisé le ministre.

L’augmentation du smic rendra nécessaires des négociations dans toutes les branches où les minima sont aujourd’hui inférieurs au smic, et celles-ci auront lieu, a affirmé le ministre. Les partenaires sociaux ont l’initiative pour renégocier les conventions.

La question d’une modification des règles régissant l’évolution du smic sera discutée lors de la grande conférence sociale des 9 et 10 juillet, et donnera lieu à des propositions précises d’ici la fin de l’année, a précisé Michel Sapin. Le mécanisme de calcul pourrait intégrer la croissance, comme l’a suggéré François Hollande pendant la campagne présidentielle.

La conférence sociale abordera également la question du « temps partiel subi », posée par le débat sur le smic, a-t-il indiqué.

Selon l’Institut national de la statistique, le smic concernait en 2011 10,6% des salariés à temps plein, soit environ 1,6 million de personnes, et 25,2% des salariés à temps partiel.