
Les électeurs grecs sont à nouveau appelés à voter dimanche pour des élections générales dont l'issue pourrait sceller leur avenir au sein de la zone euro. La droite et la gauche radicale sont au coude-à-coude dans les derniers sondages.
AFP - La Grèce retourne aux urnes dimanche pour des élections générales, anxieusement guettées dans toute l'Europe et au delà, qui prennent l'allure d'un référendum pour ou contre l'euro.
Les conséquences de ce scrutin crucial qui, par contagion, pourraient déstabiliser la zone euro, seront immédiatement soupesées au sommet du G20 qui réunira, lundi et mardi, les pays riches et émergents à Los Cabos, au sud-ouest du Mexique.
Tous les dirigeants européens, et le président américain Barack Obama, ont mis en garde les neuf millions d'électeurs grecs contre les conséquences de leur vote pour eux-mêmes et la zone euro.
"Etre ou ne pas être dans la zone euro? Telle est la question", a lancé l'ex-premier ministre grec, Lucas Papademos, paraphrasant le Hamlet de Shakespeare, plus qu'une tragédie antique grecque pour résumer "le dilemme réel" de dimanche.
A J-2 d'un scrutin, qui fait suite à celui, non concluant, du 6 mai, la droite et la gauche radicale étaient au coude à coude pour prendre les rênes d'un pays en profonde récession et crise sociale, devenu "l'homme malade" de l'UE.
Des sondages non autorisés donnent cependant une avance minime à Antonis Samaras, 61 ans, patron conservateur de la Nouvelle Démocratie (ND) sur Alexis Tsipras, 37 ans, chef du Syriza, selon un expert.
it
Hésitante sur la tendance vendredi, la Bourse d'Athènes a d'ailleurs fait un bond de 10,1% la veille, mais sans parvenir à effacer sa descente aux enfers depuis le 6 mai.
M. Samaras se présente comme le garant du maintien de la Grèce dans la zone euro, tout en voulant renégocier le "mémorandum", le plan de rigueur négocié avec les prêteurs internationaux en contrepartie de l'aide financière.
Il a souligné dans un de ses discours de campagne que "les enjeux de ces élections sont clairs: euro ou drachme, gouvernement de coalition ou non gouvernement".
M. Samaras, un conservateur qui se présente à la fois comme nationaliste et europhile, n'a pas exclu, s'il n'avait pas la majorité, de diriger une coalition incluant d'autres formations de droite, ainsi que le Pasok socialiste.
Son rival de gauche, beaucoup plus charismatique mais redouté par les marchés financiers, clame qu'il faut en finir avec un "mémorandum" signé par les partis traditionnels "soumis au diktat des créanciers".
Il s'est donné dix jours pour mener "une véritable et dure" renégociation avec l'UE s'il prenait les commandes de la Grèce, dans la perspective du sommet européen les 28 et 29 juin à Bruxelles.
"J'espère que les partis vont coopérer. Que tout le monde sera uni", confie à l'AFP Michalis Vlavianos, retraité de 77 ans, qui vit avec difficulté d'une pension mensuelle de 630 euros.
Si les Européens, et en particulier la chancelière allemande Angela Merkel, se montrent intransigeants dans leurs messages à la Grèce, on croit plus vraisemblable à Athènes une marge de négociation et un soutien à la croissance.
"Les termes du compromis, à signer d'ici septembre, porteraient sur un délai supplémentaire de deux ans pour l'assainissement budgétaire" a affirmé à l'AFP un ancien conseiller de M. Papademos, à la tête du pays jusqu'en mai.
En deux ans, c'est une aide massive de 347 milliards d'euros --deux prêts de 110 et 130 milliards courant jusqu'en 2015, et un effacement de dette de 107 milliards--, qui ont été accordés à la Grèce, l'équivalent d'une fois et demi son PIB.
Plongeant le pays dans le brouillard, provoquant une exaspération en Europe et la suspension "temporaire" du versement de 2,6 milliards d'euros d'aide, le scrutin du 6 mai n'avait pas dégagé de majorité ou de coalition de gouvernement.
Depuis, la Grèce semble au bord de la faillite, les indicateurs sont au rouge vif: un PIB en chute de 6,5%, le chômage à 22,6%, une hémorragie quotidienne des dépots bancaires, et des caisses publiques qui pourraient être vides mi-juillet.
Des scénarios d'une possible sortie de la Grèce de la zone euro --une hypothèse rejetée par 80% des Grecs, sont devenus insistants dans des cercles européens et les milieux financiers depuis le 6 mai.
Le dernier en date, bouclé début juin par la Deutsche Bank détaille ce que pourrait être la période à hauts risques suivant une cessation de paiements "dès fin juin ou début juillet".
Session extraordinaire du parlement le week-end, contrôle des flux de capitaux et des sorties de dépôts bancaires, rétablissement du rôle de la Banque de Grèce, émission d'une monnaie ou quasi monnaie dévaluée de 50% minimum.
La Grèce pourrait non pas revenir à la drachme mais adresser des reconnaissances de dettes appelées "IOU" ("I owe you", autrement dit "je vous dois") ou "GEURO" (Greekeuro) à ses fonctionnaires et créanciers.