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Portrait-robot du pirate somalien

Les pirates qui infestent le golf d'Aden viennent de clans variés, mais répondent tous à un profil type : ils utilisent le même équipement, respectent la même technique d'attaque et perçoivent leur salaire selon les mêmes règles.

PROFIL :


Le commanditaire
: Tête pensante de la piraterie, il ne va pas en mer mais gère habilement la logistique. Il importe les armes, corrompt les forces gouvernementales s’il le faut, blanchit l’argent et s’assure de la fidélité absolue de ses hommes. C'est également lui qui trouve des informateurs dans les ports de la région et qui recrute les gardes chargés de surveiller les navires détournés, mouillant au large d'Eyl, de Hobyo et de Harardhere.

Il revendique le statut de garde-côte - il affirme protéger les côtes des chalutiers occidentaux qui raclent l'océan sans permis et polluent le rivage de déchets toxiques -, mais calcule comme un homme d’affaires aguerri. Désormais fortuné, il roule en 4x4 rutilant dans les rues de Mogadiscio, la capitale somalienne, et vit dans de somptueuses villas à l'écart des camps où vivent les "simples" pirates.

Le simple pirate: Hybride, mi-pêcheur mi-mercenaire, il s’enfonce à des milles de la côte sur un simple skiff de bois, sans toujours savoir nager. Parfois en mauvaise santé - il absorbe quotidiennement du qat, la drogue locale anorexigène - il a rarement, voire jamais, reçu de soins médicaux.

Il peut être forcé à pirater : les commanditaires menacent souvent les familles de ces hommes.
 

Généralement, son sentiment d’appartenance à un clan est bien plus fort que l’attachement à sa propre vie. Son torse est d’ailleurs souvent scarifié pendant son plus jeune âge. Ces brûlures boursouflées, parfois faites à la cigarette et dessinées de manière plus ou moins symétrique, marquent son appartenance au clan.

MATÉRIEL:
 

Armement : De la kalachnikov - ou copie de "kalach" - au lance-roquettes, l’équipement du pirate somalien est pointu. Il se le procure n’importe où dans son pays, en guerre civile depuis des années. L'absence totale de taxes à Mogadiscio, qui a fait de la capitale somalienne la plaque-tournante du commerce légal et illégal en Afrique de l’Est, facilite également l'approvisionnement.
 

Ces armes, très rapidement rouillées, faute d'entretien sérieux, sont instables.

À terre, ils utilisent certainement des récepteurs AIS, des balises de réception pour repérer les bateaux de commerce.

Embarcation : Le pirate embarque dans un skiff, petit rafiot de bois utilisé par les pêcheurs de la région. Un moyen de ne pas se faire repérer. Petites et légères, ces embarcations sont quasi-indétectables au radar.

Pour passer encore plus inaperçue, la coque est généralement repeinte d’un bleu proche de la couleur de l’océan.


Pour se déplacer, les flibustiers reproduisent la technique ancestrale du "boutre", la méthode de pêche yéménite. Un bateau principal de quelques mètres accompagne des skiffs, plus petits, pour les ravitailler en essence et en armes, de telle sorte qu'ils peuvent parcourir de plus grandes distances et attaquer très loin des côtes.

À bord de leur embarcation, les pirates ont toujours une échelle, outil indispensable pour accoster le navire attaqué mais également preuve irréfutable de leur culpabilité.



SALAIRE :
 

Le montant des gains : Les pirates raflent tout à bord des bâtiments attaqués. Téléphones portables, montres, vêtements, argent. Mais ces larcins ne représentent rien à côté des sommes obtenues grâce aux rançons versées sur des comptes, souvent ouverts à Dubaï. En 2008, les pirates somaliens auraient engrangé plus de 100 millions de dollars. Fin janvier 2009, ils auraient également récupéré 3 millions de dollars en échange du Sirius Star, le super tanker saoudien détourné le 15 novembre 2008 - les flibustiers en avaient demandé 25 millions.
 

La répartition des gains : C’est le commanditaire qui touche la plus grosse part. Ensuite, viennent celui qui a posé en premier le pied sur le navire attaqué puis celui qui a négocié la rançon : l’interprète. Le reste est réparti en fonction du rôle de chacun. Le lance-roquettes gagne, par exemple, plus que les autres parce que son arme est la plus lourde mais aussi la plus chère.

Une partie des gains est également réinvestie dans l’équipement ; une autre est reversée aux familles des pirates morts en mer. Elles perçoivent environ 15 000 dollars.

Les autorités locales recevraient également des enveloppes pour leur "bienveillance" .

Tags: Piraterie, Somalie,