Le président yéménite Hadi a promis de poursuivre la lutte contre Al-Qaïda au lendemain d’un attentat-suicide qui a fait près de 100 morts parmi les soldats à Sanaa. Une "guerre de libération" qui dépasse les frontières du pays.
Alors que les Yéménites célébraient le 22e anniversaire de l’unification du pays, une attaque-suicide a causé la mort de 96 soldats, lundi 21 mai, dans la capitale Sanaa. Revendiquée par le réseau terroriste Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), l’attentat est venu rappeler, de manière brutale, que le pays reste en proie à des divisions, alors que plusieurs villes du Sud sont sous contrôle d’Al-Qaïda depuis un an.
Le refuge d’Al-Qaïda
Situé au confluent entre le Pakistan, la Somalie, l’Arabie saoudite et l’Irak, le Yémen possède une réputation de plaque tournante du terrorisme. Le pays a été désigné par le président américain Barack Obama comme un "repaire de terroristes". "Son état déliquescent, la pauvreté de sa population, et son sud sécessionniste contribuent largement à instaurer un environnement favorable à l’organisation terroriste," analyse Karim Sader, politologue et consultant sur les pays du Golfe. À l’origine de l’implantation du djihadisme dans le pays : la lutte engagée entre 2003 et 2006 par Ryad pour déstabiliser les réseaux terroristes extrémistes. Une action qui a porté ses fruits et eu pour effet principal de faire fuir les membres d’Al-Qaïda vers le Yémen voisin, où la répression était moins féroce.
Malgré sa volonté affichée de lutter contre le terrorisme, le président Ali Abdallah Saleh, contraint de quitter le pouvoir suite aux répercussions du printemps arabe, s’est illustré par une politique de double jeu, selon Karim Sader. Comme beaucoup de dictateurs arabes, Saleh avait construit sa légitimité autour de la lutte contre le terrorisme : "Brandir la menace du terrorisme était une stratégie pour rester au pouvoir. Pourtant, il a été accusé de favoriser Al-Qaïda." Ainsi il aurait indirectement permis la prise des villes Zinjibar et Jaar, dans le sud du pays, en mai 2011 par les "Partisans de la Charia."
Au pouvoir depuis février, son successeur Mansour Hadi se présente comme un fervent défenseur de la fermeté. Lundi 21 mai, le nouveau président s’est engagé à poursuivre "la guerre contre le terrorisme (…) quels que soient les sacrifices." Depuis le 12 mai, la plus large offensive menée contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique a été lancée, afin de regagner le contrôle des bastions sudistes. Une opération menée conjointement avec les États-Unis, inquiets de la situation.
L’implication des États-Unis
Initiée sous Saleh, l’alliance entre Washington et Sanaa contre la menace terroriste islamiste, animée d'un sentiment antiaméricain, devrait avoir de beaux jours devant elle sous Hadi. John Brennan, principal conseiller de Barack Obama contre le terrorisme et spécialiste du Yémen, a d'ailleurs proposé au président yéménite l’aide des États-Unis pour enquêter sur cet attentat.
Tandis que le président Hadi affirmait lundi que l'attentat criminel ne terroriserait pas les Yéménites et n’empêcherait pas la poursuite de la guerre contre les terroristes, l'Aqpa a promis de nouvelles attaques.