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Arrestation de pirates par le Floréal : le pilote de l'hélicoptère raconte

à bord du Floréal, dans l'océan Indien – Le 27 janvier dernier, le Floréal capturait neuf pirates qui s’apprêtaient à attaquer un navire, l’African Rubis. Le pilote de l'hélicoptère Panther raconte son aventure, une mission à rebondissements qu’il attendait depuis longtemps.

Sébastien D. pilote du Panther B 6452.

13h18  : Un "poste aviation pour décollage sur alerte" retentit dans la frégate. Départ quasi immédiat. L’adrénaline monte d’un coup. Je l’attendais, cette alerte. On avait déjà décollé plusieurs fois, sans que cela se concrétise. Du pécheur, j’en avais vu et j’en avais marre.

Au radar, je cherche les skiffs. Pas facile de repérer un rafiot en bois. Une aiguille dans une botte de foin. Avec Marc, qui pilote, pas la peine de parler. On est rodé après les cinquante heures déjà passées à chercher ce genre de clients.

14h00  : Nouveau shoot d’adrénaline : un skiff à 11heure ! Ouverture de la porte latérale, la mitrailleuse 7.62 est mise en place. L’hélico pique du nez pour créer l’effet de surprise. Surprise certes, mais pour nous : il n’y a pas une mais deux embarcations et surtout, je vois une échelle, preuve irréfutable qu’il s’agit bien de pirates. On sort notre pancarte 'stop'. Aucune réaction de leur part. Il faut les stopper à tous prix. Donc, radio : "Demande tir de semonce."

14h17  : Les premiers tirs. 80 balles en tout. Les pirates s’arrêtent enfin. Je me dis "ça y est on les tient". En même temps, je n’arrête pas de me demander quand la frégate va arriver. Je n’ai pas assez de carburant pour tenir indéfiniment. Après un rapide calcul, je me fais à l’idée que je vais devoir, tôt ou tard, rebrousser chemin. Pour économiser le fuel, on tourne en rond au lieu de garder une position statique. On tourne tellement que nos horizons sont en vrac.

14h26  : Les pirates jettent l’échelle et au moins un fusil d’assaut. Mais il est déjà trop tard. On a filmé les preuves. Le Floréal n’est toujours pas en vue et la réserve d’essence s'amenuise.

15H30  : La frégate est enfin en vue ! C'est le soulagement. Par radio, je m’assure qu’ils ont un contact visuel pour ne pas perdre "bêtement" les pirates pendant mon ravito.

On est au maximum de nos capacités, un ravitaillement rotor s’impose. Sur le navire, c’est véritablement de la formule 1. En cinq minutes, les gars me remettent 1h30 d’autonomie. Je redécolle. Je suis pressé.

16H00  : Le Floréal met enfin les zodiacs à l’eau. De notre côté, on oblige les pirates à mettre les mains sur la tête. Mon job, à partir de maintenant, c’est de protéger les hommes. Quand les zodiacs sont bord à bord avec les skiffs et en sécurité, je dégage.

Dans le cockpit, c’est la joie. Un claquement de main s’impose.