
Le projet fiscal de François Hollande est loin de séduire la chanteuse Françoise Hardy. Si le candidat socialiste remporte la présidentielle, la star des "sixties" craint de devoir quitter la France, a-t-elle confié à Paris Match...
Réputée discrète dans le milieu artistique, la chanteuse Françoise Hardy prend position contre le candidat socialiste à la présidentielle, François Hollande, et plus précisément contre sa proposition de réintroduire l’ancien barème de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). La star des "sixties" s’est exprimée dans les colonnes de l’hebdomadaire Paris Match, où elle fait part de sa crainte de ne plus pouvoir faire face à l'alourdissement fiscal prévu par les socialistes sur les hauts patrimoines... au point d'envisager de quitter la France.
"Je crois que la plupart des gens ne se rendent pas compte du drame que l'ISF cause aux gens de ma catégorie, explique l’artiste âgée de 68 ans. Je suis forcée, à pas loin de 70 ans et malade, de vendre mon appartement et de déménager." Françoise Hardy estime qu’en cas de victoire de la gauche à la présidentielle, ses revenus annuels - qu’elle évalue à 150 000 euros avec des fluctuations selon les années - pourraient ne pas lui suffire à régler ses factures, ses charges et ses impôts.
"Je paie 40 000 euros d'ISF par an. Si Hollande le multiplie par trois, qu'est-ce que je fais ? Je suis à la rue. Je comprends les gens qui quittent le pays à cause des impôts (...). On parle du fait qu'il est très important de payer des impôts sur le revenu du capital : je suis tout à fait d'accord, poursuit-elle, mais pas pour taxer un patrimoine qui vous a coûté des fortunes à acquérir et qui vous coûte déjà des sommes folles en entretien, charges et assurances."
Pour Gabriel Zucman, professeur à l’École d’économie de Paris, l'ISF vise à inviter les Français à rendre productif leur patrimoine immobilier. "Ce qui peut signifier concrètement louer une partie de son hôtel particulier ou le revendre pour investir dans un arrondissement parisien moins cher", précise-t-il.
"L'engagement des people n'influence pas le choix des électeurs"
Françoise Hardy craint de devoir aller plus loin en cas de victoire de Hollande et de quitter la France. Dans son programme, le candidat socialiste prévoit de rétablir l’ancien barème de l’ISF ainsi que le "plafonnement Rocard", qui fixait à 85 % des revenus perçus le taux maximal de cet impôt.
Françoise Hardy n’en est pas à son premier coup de gueule sur le sujet. En 2010, elle avait défendu le bouclier fiscal mis en place par le gouvernement de Nicolas Sarkozy devant Manuel Valls, l'actuel porte-parole de campagne de François Hollande, au cours d’une émission télévisée.
Reste que, pour Céline Bracq, directrice adjointe de l'institut BVA Opinion, cette interview n’aura aucun impact sur les sondages pour le candidat socialiste. "Les Français ne vont pas pleurer sur le sort de l’artiste alors que la majorité de la classe moyenne craint de perdre son pouvoir d’achat", indique-t-elle. Le candidat socialiste n’a donc pas de soucis à se faire, car ce genre de propos n’a que peu d’impact sur les Français, juge la politologue. "Quelle que soit la cote de popularité des artistes, leur position n’influence en rien le choix des électeurs", souligne-t-elle. Quant au soutien des artistes tant recherché par les candidats, "il a beau rassurer les politiques, il ne structure en rien l’opinion", conclut-elle.