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Un militant israélien de la paix violemment expulsé d'un rassemblement parisien des "amis d’Israël"

Agressé lors d’une réunion des "Amis d'Israël" par des militants de la Ligue de défense juive, Ofer Bronstein, président du Forum international pour la paix au Proche-Orient, dénonce la lenteur des institutions juives à dénoncer ces agissements.

Ofer Bronstein est un vétéran de la paix entre Israël et les Palestiniens. Ancien conseiller du vice-Premier ministre travailliste Fouad Ben Eliezer à l’époque de la négociation des accords d’Oslo, il faisait partie de la délégation officielle israélienne lors de leur signature à Washington en 1993. Bronstein est né en Israël et vit à Paris. Il a une particularité : jouissant de la double nationalité française et israélienne, il est aussi détenteur d’un passeport diplomatique palestinien que lui a remis le président Mahmoud Abbas en personne. C’est un document largement honorifique mais Bronstein y accorde une importance symbolique.

Il avait été convié au premier congrès des "Amis français d’Israël" organisé le mardi 3 avril dans la salle parisienne de la Mutualité, à l’initiative des groupes d’amitié parlementaires France-Israël à l’Assemblée nationale et au Sénat, avec le concours de la Fondation France-Israël et du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

Dès son arrivée, il est pris à partie par une douzaine de militants de la Ligue de défense juive qui le frappent au visage, le traitent d’"assassin", lui reprochent sa proximité avec celui qu’ils appellent : "le docteur ès négation de la Shoah Abbas", et le somment de "quitter la France" en semblant même lui imputer en partie la responsabilité de la tuerie de l’école juive de Toulouse.

L’incident s’est produit devant de nombreux représentants de la communauté juive, dont le Crif, qui n’ont pas réagi. Bronstein est alors prié de quitter le rassemblement par le service d’ordre.

Il se dit aujourd’hui "profondément choqué par la violence d’un groupuscule qui se réclame de mouvements extrémistes interdits en Israël en raison de leurs positions ouvertement racistes, mais davantage encore par l’absence de réactions des représentants officiels présents", y voyant un "nouveau signe inquiétant de radicalisation". Il affirme être victime pour la troisième fois de menaces de la Ligue de défense juive (LDJ) et a chargé son avocat de porter plainte.

De nombreuses personnalités politiques françaises de gauche comme de droite ont pris la parole lors de cet évènement, dont Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères.

Certains participants rapportent que le ministre a été sifflé lorsqu’il a critiqué la "colonisation" par Israël de la Cisjordanie et disent avoir alors entendu des slogans en faveur de Marine Le Pen, sans pouvoir identifier précisément leur provenance.

Joint par France 24 ce vendredi, le secrétaire général du Crif, Haïm Musicant, "condamne cet incident", ajoutant, "ce n’est pas à la LDJ de décider qui doit entrer ou non dans ce genre de réunion".

 Crédit photo : Forum international pour la paix.