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Indésirable en Algérie, Mohamed Merah sera enterré en France

Après le refus de l'Algérie, où réside son père, d'accepter la dépouille de Mohamed Merah sur son territoire, les obsèques du tueur auront lieu en France. Au grand soulagement des Algériens.

"Il était Français, qu'il soit enterré et qu'on ne fasse pas de polémique avec ça". Le président français Nicolas Sarkozy a mis un terme ce jeudi à l’imbroglio autour du lieu de l’inhumation de Mohamed Merah. L'auteur de sept meurtres à Montauban et Toulouse, abattu par le Raid le 22 mars, ne sera finalement pas enterré en Algérie, sur les terres de ses ancêtres comme le souhaitaient ses parents, mais en France.

Il devait, selon l’AFP, être inhumé à 17h00 sous une tombe anonyme dans le carré musulman du cimetière de Cornebarrieu, dans la banlieue toulousaine. "J'ai été mandaté par la famille de Mohamed Merah pour organiser ses funérailles dans les 24 heures et dans la plus grande discrétion possible", a expliqué, ce jeudi matin à FRANCE 24, Abdallah Zekri, représentant du recteur de la Grande mosquée de Paris.

Toutefois, la mairie de Toulouse a annoncé jeudi le report de 24 heures des obsèques, dans l'espoir que l'Etat trouve un autre lieu, le maire Pierre Cohen estimant que cette inhumation sur le territoire de la ville n'était pas "opportune". Une telle perspective suscite en effet chez beaucoup l'inquiétude que sa tombe ne devienne un exutoire pour les expressions de haine ou de glorification.

Plus tôt dans la journée, les autorités algériennes se sont finalement opposées à l'enterrement de Merah sur le sol du pays, en invoquant des raisons de sécurité. Ce sont précisément les autorités locales de Médéa, la wilaya (division administrative) dans laquelle se trouve le village familial de Bezzaz, où Merah aurait pu être mis en terre, qui ont émis un avis défavorable, a souligné M. Zekri.

"Vu l’ampleur prise par cette affaire, les autorités algériennes ont pris une décision raisonnable, car au fond, Mohamed Merah est né et a grandi en France, il ne connaissait rien de l’Algérie et avait surtout  lui-même souhaité être enterré sur le sol français", souligne Hamid Saidani, journaliste au quotidien francophone "Liberté", joint au téléphone par FRANCE 24.

Une dépouille encombrante

Ces derniers jours, la presse algérienne s'était indignée de la mention des origines de Mohamed Merah et du transfert potentiel de son corps en Algérie.

"Le rappel systématique par la classe politique et les médias français de l’origine du tueur a sensiblement irrité les Algériens dans la mesure où cela a pour conséquence d’associer insidieusement des actes négatifs, en l’occurrence des crimes, à l’Algérie, comme pour s’en laver les mains", explique à FRANCE 24, Fayçal Metaoui, journaliste au quotidien "El Watan".

Ce journal francophone a publié aujourd’hui un article intitulé "Les virulentes réactions des lecteurs sur Mohamed Merah", pour rendre compte de l’agacement de l’opinion publique algérienne. "C’est une honte pour nous les Algériens d’accepter de recevoir la dépouille de ce monstre. C’est un produit français alors qu’il reste là-bas ! On n’en veut pas", écrit l’un d’eux, sans savoir que son vœu allait être exaucé par les autorités de son pays.

Même son de cloche du côté du quotidien "L'Expression", dans l’éditorial publié le 28 mars. "Cette affaire franco-française ne nous aurait pas intéressés. Mais depuis hier et avec cette histoire d'enterrement en Algérie, nous nous sentons tout de même concernés [...] La dépouille dont il est question est celle d'un Français né en France et qui a commis ses actes en France", est-il écrit.

Enfin, dans le quotidien arabophone Al Fadjr (L'Aube), le ton est encore plus virulent. Dans la rubrique Opinions publiée ce jeudi, le journal s'insurge : "Nous avons accepté d’être un cimetière pour des déchets nucléaires, mais nous n’acceptons pas d’être un cimetière pour des déchets terroristes".