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L’Algérie se prépare à fêter le cinquantième anniversaire de son indépendance. Après un demi-siècle de souveraineté, un grand malentendu perdure entre l’Algérie et la France.

Les Français et les Algériens célèbrent le 50ème anniversaire du cessez-le-feu conclu le 19 mars 1962. Les acteurs de la guerre et les enfants des victimes - parfois devenus eux-mêmes acteurs - continuent à ressasser inlassablement des idées qui appartiennent au passé : "La faute revient aux colons", dit Rabah Mahiout, ancien membre du Front de Libération Nationale en France. "C’est le FLN qui a commencé à attaquer les Français", rétorque Guy Pujante, ancien membre de l’Organisation Armée Secrète qui continue à nourrir aussi la même vieille rancune contre Charles De Gaulle. Ancien membre de l’Armée de Libération Nationale, Lakhdar Bouregaa se souvient encore de ces villages brûlés au napalm. Viviane Pinto l’Oranaise pleure quand elle pense à son père, égorgé et jeté dans un four de bain-maure. Elle a attendu 42 ans pour savoir ce qui lui était réellement arrivé, parce que les archives qui concernent son père ont enfin parlé en 2004.

Pourquoi cette chape de plomb ? Entre la France et l’Algérie, c’est une question de mémoire. Une mémoire en lambeaux. Farida, la fille d’Ahmed Belous, tué à Guelma dans les événements du 8 mai 1945, reconnaît qu’ "il y a beaucoup de mensonges dans toute histoire" et qu’à force de se "raconter des mensonges", beaucoup de personnes "croient qu’ils sont dans la vérité". Viviane, a fille de Joseph Pinto, ignore qu’elle partage avec Farida le même constat. Elle critique ceux qui cachent la vérité.  "Ils ont peut-être honte", dit-elle. De quoi ? Des crimes commis durant une guerre sans nom.

Qu’ils soient partisans de l’indépendance ou de l’Algérie française, ils ignorent qu’il existe, entre eux, de réels points de convergence. Ils ne se parlent pas vraiment. C’est peut-être ce qui manque aux peuples des deux rives de la Méditerranée. S’ils y parviennent, le temps commencera peut-être son œuvre réparatrice.