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Les propos controversés du Premier ministre François Fillon, qui a invité lundi les grandes religions à revenir sur les "traditions ancestrales" d'abattage rituel des animaux, font grincer des dents dans les rangs de la majorité.
AFP - Les députés et responsables UMP avaient du mal mardi à cacher leur embarras ou leur irritation, après les propos controversés de François Fillon sur le halal et le casher, certains réclamant aussi au président-candidat de réorienter sa campagne et de ne plus "subir".
Mauvais sondages, interrogations sur les chances de rebond de leur champion et polémique sur l'abattage rituel des animaux... Pour leur dernière journée à l'Assemblée avant la suspension des travaux parlementaires, les élus de la majorité avaient le moral en berne.
"On peut dire "Merci Fillon." Il nous a foutu en l'air notre dernier jour", pestait dans les couloirs une source UMP.
Un député UMP sarkozyste du sud-est résumait bien l'embarras ambiant: "On s'est mis à dos les juifs et les musulmans! Il manquait plus qu'il parle du poisson le Vendredi saint et c'était la totale."
Lundi, le Premier ministre a suggéré aux grandes religions de revenir sur les "traditions ancestrales" d'abattage rituel des animaux, qui ne correspondent plus "à grand-chose". Ces propos ont provoqué l'ire des responsables des communautés juive et musulmane et une réelle stupéfaction dans le camp présidentiel.
"Je suis vraiment un ami de François Fillon et ça m'autorise à lui dire: +Je ne suis pas d'accord.+ On ne s'ingère pas dans les rites d'une religion, quelle qu'elle soit. On doit reconnaître ces rites, les respecter", a lancé le député UMP de Paris, Bernard Debré.
Le patron du groupe UMP, Christian Jacob, a préféré éluder, façon de prendre ses distances: "François Fillon a dit ce qu'il a envie de dire. Ce n'est pas à moi de commenter."
Invité en soirée de l'émission M6/RTL/MSN "2012etvous.fr", Jean-François Copé, le numéro un de l'UMP et grand rival de M. Fillon, s'est montré direct. "Ce vocabulaire n'est pas le mien et ne sera jamais le mien. Personnellement, je ne prononcerai jamais ces mots", a-t-il assuré.
Gênée aux entournures, la porte-parole de Nicolas Sarkozy, Nathalie Kosciusko-Morizet, a déploré "la réaction très vive" et "disproportionnée" à ces propos. Mais "ce n'est pas le jour et ce n'est pas le moment d'engager ce débat", a-t-elle noté.
L'ex-garde des Sceaux, Rachida Dati, en conflit ouvert avec le Premier ministre à Paris, y est elle allée franco: "François Fillon mélange tout (...) Les Français doivent connaître les modes d'abattage des animaux", mais là, "il s'immisce dans les pratiques religieuses, sort de son rôle".
"C'est comme s'il allait à la télé pour dire +On va réécrire l'Ancien Testament et le Coran. +Les rites religieux, ça ne regarde pas la République! Et pourquoi pas interdire le Carême?", s'est emporté un responsable UMP. "Comparer musulmans et juifs à des hommes des cavernes, ce n'est pas ma philosophie", a pesté un ténor, accusant M. Fillon de vouloir "planter la campagne" de M. Sarkozy.
Seul Jacques Myard a volé au secours de M. Fillon en estimant que "l'intégrisme religieux, quel qu'il soit, est un danger".
"Arrêtez! Ce sujet du halal est derrière nous, on va se recentrer sur les vrais sujets comme l'emploi", s'agaçait le sarkozyste Alain Gest, conscient que M. Sarkozy, après l'avoir dénoncée à Rungis, a lui-même relancé samedi à Bordeaux cette polémique initiée par Marine Le Pen.
"La taxation à 75%, la sur-réaction aux incidents de Bayonne, le halal et le casher... Depuis une semaine, on a tort d'aller sur le terrain de nos adversaires. On subit la campagne", s'est désolé le député Daniel Fasquelle.
"Nicolas Sarkozy nous a toujours appris que, dans une campagne, il fallait lancer le débat. Je compte sur lui pour reprendre la main" a-t-il dit à l'AFP.
"Je ne comprends pas l'orientation de cette campagne (...) On fait Austerlitz dans le camp des Autrichiens. Tu parles du halal et c'est le FN qui monte", s'alarmait mardi un ministre.