Alors que des combats ont éclaté dans la nuit de dimanche à lundi entre l'opposition et les forces régulières à Deraa, la situation humanitaire reste inquiétante dans le quartier de Baba Amr à Homs, où l'aide ne peut toujours pas être distribuée.
REUTERS - La Croix-Rouge et le Croissant-Rouge syrien ont commencé dimanche à distribuer de l’aide humanitaire dans un village voisin de Homs, mais n’ont toujours pas pu entrer dans le quartier de Bab Amro, repris trois jours plus tôt aux insurgés après un mois de bombardements.
Signe que le calme est loin d’être revenu après la prise de ce symbole du soulèvement entamé il y a un an, le Liban a connu un afflux de réfugiés sans précédent depuis plusieurs mois.
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Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dit avoir pu distribuer des vivres, des couvertures et des médicaments dans le village d’Abel, à 3 km de Homs, où d’autres déplacés ont afflué, mais n’a pas été autorisé à pénétrer dans Bab Amro.
« C’est fini pour ce soir. Nous essaierons à nouveau demain », a déclaré Saleh Dabbakeh, porte-parole de l’organisation à Damas, sans préciser les raisons avancées par les autorités pour justifier leur refus.
La situation humanitaire des habitants de Bab Amro restés sur place inquiète de plus en plus. Selon l’opposition, Damas a besoin de temps pour effacer les traces des « massacres » qui y ont été commis et pour achever la chasse aux insurgés.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés, 2.000 Syrien qui disent fuir des bombardements dans la zone frontalière, sont arrivés dimanche au Liban.
« Nous avions des chiffres comparables en avril, mais le flot s’était stabilisé depuis », a commenté Dana Sleiman, porte-parole de l’organisation.
Une femme interrogée parmi les réfugiés a dit avoir fui Djoussiah, village voisin de Koussair, à 12 km de la frontière, avec sa famille pour échapper au pilonnage des forces syriennes.
« Les bombardements ont commencé dans la matinée, alors on a du partir vers le Liban. Il y avait des blessés, mais je ne sais pas ce qu’ils sont devenus », a-t-elle raconté.
Selon un correspondant de Reuters sur place, les tirs étaient audibles du côté libanais de la frontière.
Les effectifs de l’armée libanaise ont été renforcés dans le secteur et plusieurs centaines de militaires ont été déployés à Beyrouth, où pro et anti-Assad ont manifesté chacun de leur côté.
Intenses combats à Deraa
D’intenses combats ont par ailleurs éclaté dans la nuit à Deraa, dans le Sud, après l’attaque coordonnée de barrages routiers tenus par l’armée, rapportent des opposants.
« L’Armée syrienne libre a attaqué simultanément plusieurs barrages et des positions fortifiées dans les rues. Les chars ripostent en tirant des obus antiaériens de 14 mm dans des quartiers résidentiels et des tireurs d’élite de l’armée ouvrent le feu sur tout ce qui bouge, même des sacs en plastique », a déclaré à Reuters un dissident nommé Maher Abdelhaq, joint à Deraa, berceau de la contestation à la frontière jordanienne.
Selon l’opposition, les combattants de l’Armée syrienne libre multiplient depuis quelques jours les coups de main dans le Sud, le Nord et l’Est pour faire diversion et alléger les souffrances des habitants de Homs.
Des bombardements sont par ailleurs signalés à Rastan, au nord de Homs, et l’armée serait intervenue à Hama.
Sur le front diplomatique
Sur le front diplomatique, le ministre israélien des Affaires étrangères a jugé la répression du soulèvement syrien « plus épouvantable que le pire film d’horreur d’Hollywood ».
« En Israël, nous pensons qu’il est essentiel de mettre fin à cette violence et nous sommes prêts à apporter l’aide humanitaire nécessaire », a ajouté Avigdor Lieberman, précisant toutefois que l’Etat hébreu n’interviendrait que dans le cadre d’une opération internationale.
Aux Etats-Unis, le sénateur républicain Lindsey Graham a plaidé pour l’envoi d’armements aux insurgés par le biais de la Ligue arabe et pour l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne. « Il faut plus de pressions internationales (...) Nous devons aider les rebelles militairement et économiquement, et faire savoir à (Bachar al) Assad qu’il est hors la loi et qu’il devra en répondre », a-t-il lancé devant les caméras de Fox News.
Jeudi, la Russie et la Chine, qui ont opposé leur veto à deux reprises à des projets de résolution dénonçant la répression, se sont associées aux 13 autres membres du Conseil de sécurité de l’Onu pour faire part de leur « profonde déception » face au refus du gouvernement de Damas d’autoriser la venue en Syrie de Valerie Amos, responsable des opérations humanitaires des Nations unies.
Un nouveau projet de résolution d’inspiration américaine est en cours de rédaction. Outre l’arrêt de la répression, il réclame l’ouverture des villes assiégées aux organisations humanitaires, dit-on de sources diplomatiques.
Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe, doit s’entretenir prochainement avec ses homologue de la Ligue arabe, Au Caire, a fait savoir dimanche l’organisation, ce qui pourrait confirmer l’évolution de la position de Moscou.