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Bras de fer diplomatique entre Obama et Netanyahou sur le nucléaire iranien

Le Premier ministre israélien (photo) sera à Washington ce lundi pour s’entretenir du nucléaire iranien avec le président américain Barack Obama. Passage en revue des divergences entre deux dirigeants qui entretiennent des relations tendues.

En novembre 2011, lors du sommet du G20, le président américain, Barack Obama, ignorant que son micro-cravate était toujours branché, glissait à son homologue français, Nicolas Sarkozy : “Tu en as marre de lui [le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou], mais moi, je dois traiter avec lui tous les jours !”

La remarque reflétait les relations pour le moins tendues qu'entretiennent les deux dirigeants de ces pays alliés de longue date. Au cours du premier mandat d’Obama, nombreux ont été les désaccords entre Washington et Tel-Aviv.

Barack Obama rassure son allié israélien devant l'AIPAC

Dans un discours prononcé devant le principal lobby pro-israélien aux Etats-Unis, l’AIPAC, le président américain a juré son plus fidèle soutien à l’Etat juif et affirmé qu’une opération militaire restait envisageable pour empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire.

Il a cependant demandé plus de temps pour que les sanctions internationales fassent effet, ajoutant qu’elles avaient déjà accentué la pression sur Téhéran.

“Je crois fermement que la diplomatie - appuyée par des mesures de pression - a une chance de réussir”, a-t-il dit.

“Je demande que nous nous souvenions tous de l’importance de ces questions, des enjeux clés pour Israël, pour l’Amérique et pour le monde. Trop de propos guerriers ont déjà été tenus à la légère”, a déclaré Obama, ajoutant que ces propos profitaient à Téhéran en faisant monter le cours du pétrole produit en Iran.


Lundi 5 mars, les deux hommes auront l’occasion d’aborder un nouveau point de discorde lors d’un entretien très attendu à la Maison Blanche qui portera avant tout sur le programme nucléaire iranien et son impact sur la sécurité d’Israël.

Ce dimanche, à la veille de cette rencontre, dans un discours prononcé devant le principal lobby pro-Israël américain, l'Aipac, Barack Obama s'est redit prêt à "utiliser la force" pour empêcher l'Iran de se doter d'une arme nucléaire, tout en se prononçant pour une solution diplomatique et en regrettant qu'on "parle trop de guerre" contre Téhéran en ce moment.

En quête d'un feu vert

Ce tête-à-tête sera ainsi l'occasion pour Benjamin Netanyahou de demander à Barack Obama de préciser ce qu’il espère obtenir à travers la diplomatie et le renforcement des sanctions économiques à l’encontre de l’Iran. De fait, le Premier ministre israélien se rend à Washington "pour dire qu’il laisse une chance aux sanctions, explique Robert Parsons, spécialiste des relations internationales à FRANCE 24. Mais il veut également qu'on lui promette qu'une action militaire lui sera accordée en cas d'échec des négociations."
Malgré les multiples démentis iraniens, les autorités israéliennes affirment que Téhéran est sur le point de concevoir des armes nucléaires et laissent volontairement planer le doute sur une éventuelle frappe préventive unilatérale contre les installations nucléaires iraniennes.

Un scénario que les États-Unis sont soucieux d’éviter, une attaque israélienne contre l’Iran risquant de provoquer un conflit régional et d’entraîner les Américains dans une nouvelle guerre impopulaire.

Obama va donc chercher à lancer un avertissement à l’Iran pour qu’il mette un terme à son programme nucléaire et lui signifier que l’option militaire est toujours sur la table. Tout en essayant de convaincre Netanyahou qu’Israël doit accorder une chance aux sanctions et à la diplomatie. "Obama va être réticent à s’engager auprès d’Israël sur une possible opération militaire", estime Robert Parsons, ajoutant que le président américain "veut lui-même l’assurance qu’Israël ne va pas utiliser la force tant que l’on est dans une stratégie de sanction".

Des divergences subsistent également dans la définition de ce qui constitue une menace à la sécurité israélienne. Pour l’administration Obama, Israël ne sera en danger que si l’Iran débute la production d'armes nucléaires. Le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney, a quant à lui déclaré, en début de semaine, qu’il n’y a encore aucune preuve que l’Iran ait commencé à le faire. Mais, pour le gouvernement de Netanyahou, le simple fait que l’Iran soit capable de fabriquer des armes nucléaires justifie déjà une intervention militaire.

La position délicate d’Obama en période pré-électorale

En pleine campagne pour sa réélection à la tête des États-Unis, Barack Obama se trouve dans une position délicate. Malgré les succès remportés en matière de lutte contre le terrorisme, qui lui ont permis de repousser les attaques de la droite sur sa prétendue faiblesse en matière de sécurité nationale, le président américain risque de se trouver en

situation de vulnérabilité face aux républicains qui le jugent pas assez ferme dans son soutien à Israël. Le sénateur John McCain, adversaire de Barack Obama en 2008, a récemment déclaré publiquement : "Il ne devrait pas y avoir de divergences de vues entre l’Amérique et Israël dans notre appréciation de la menace." La politique de Barack Obama vis-à-vis d’Israël à également fait l’objet de vives critiques de la part de deux candidats à l’investiture républicaine Mitt Romney et Rick Santorum.

Selon certains analystes, Benjamin Netanyahou pourrait viser l’Iran avant l’élection américaine prévue en novembre prochain. Barack Obama se trouverait alors soumis à de fortes pressions pour soutenir Israël à l’approche de l’échéance électorale. Or, compte-tenu des derniers sondages aux États-Unis, qui semblent conforter les espoirs de réélection d’Obama, le chef du gouvernement israélien sera peut-être réticent à froisser son allié américain, avec lequel il risque de devoir composer dans les années à venir.

La confiance entre Benjamin Netanyahou et Barack Obama a été notamment compromise par les querelles sur la construction des colonies israéliennes en Cisjordanie. Quelle que soit l’issue de la rencontre de lundi, il semble peu probable à ce stade que le problème iranien permette de normaliser leurs relations.