La Fédération internationale de football (Fifa) a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête après la victoire stupéfiante du Bahreïn à Manama face à l’Indonésie 10 à 0 lors d’un match de qualification à la Coupe du monde 2014.
De gros soupçons pèsent sur la rencontre Bahreïn – Indonésie, comptant pour le groupe E des éliminatoires de la Coupe du monde 2014 (zone Asie). Disputé mercredi à Manama, ce match crucial pour l’équipe bahreïnienne a accouché d’un score pour le moins surprenant : 10-0.
Un succès du Bahreïn d’autant plus douteux que les Bahreiniens avaient besoin d’une victoire par neuf buts d'écart pour espérer accéder au dernier tour de qualification de la zone Asie. Malheureusement pour eux, ce score fleuve ne leur servira finalement à rien. Car dans le même temps le Qatar, qui devait s’incliner pour que le Bahreïn se qualifie, a arraché le match nul en Iran grâce à un but inscrit à la 86e minute (2-2) !
L’Iran et le Qatar poursuivent donc leurs qualifications à la Coupe du monde 2014. Pour l’Indonésie et le Bahreïn en revanche, l’heure est aux soupçons.
La Fédération indonésienne réagit
"En raison de l'issue inhabituelle considérant ce que l'on pouvait attendre du résultat et l'historique des confrontations, et dans l'intérêt de conserver une confiance sans faille dans notre sport, la Fifa va conduire une enquête de routine sur ce match et son résultat", a déclaré jeudi 1er mars l’instance du football mondial dans un communiqué.
La surprise est d’autant plus grande que lors de leurs six confrontations précédentes recensées par la Fifa, l'écart entre le Bahreïn (97e nation au classement Fifa) et l’Indonésie (146e) n'a jamais excédé deux buts, pour un bilan de deux matches nuls, deux victoires du Bahreïn et deux de l'Indonésie.
Les autorités du football indonésien ont tenu ce vendredi à réagir à l’ouverture de l’enquête de la Fifa en démentant tout acte antisportif de leur équipe. La Fédération indonésienne de football (PSSI) a longtemps été embourbée dans des scandales de corruption, mais le responsable du comité disciplinaire de la Fédération Limbong Bernhard a indiqué à l’AFP : "Il n’y a pas eu de corruption dans ce match. Je le sais parce que j'ai été impliqué dans l'organisation du match. Si quelqu'un a fait cela, il serait un traître à l'Indonésie."
Tensions entre la PSSI et la Fifa
La Fédération indonésienne s'est retrouvée également sous le feu des critiques ces dernières années avec notamment en son sein une lutte de pouvoir intense. L’ancien président de la PSSI, Nurdin Halid, qui avait été impliqué dans plusieurs cas de corruption, a été évincé de son poste l'année dernière, laissant la Fédération sans leader pendant des mois. La Fifa a donc été forcée d'intervenir, menaçant l'Indonésie de sanctions jusqu'à ce qu'elle élise un nouveau président.
En novembre dernier, la PSSI a de nouveau fait parler d’elle avec la création, contre l’avis de la Fifa et de la Confédération asiatique de football (AFC), d’une ligue dissidente regroupant dix-neuf clubs professionnels. L’AFC a donné jusqu’au 18 mars à l’Indonésie pour résoudre ce problème, sous peine de suspension.
Ces différentes affaires font dire au ministre de coordination indonésienne pour l'économie Hatta Rajasa que : "Le football indonésien doit être mieux géré et mieux régulé. C'est triste de voir un score de 10-0. Ce n’est pas du basket-ball, c'est du football !"