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Areva va expédier une cargaison record au Japon

Le groupe nucléaire français Areva va acheminer vers le Japon ce que Greenpeace qualifie de "plus importante cargaison de matière fissible jamais transportée". La date exacte de cet envoi n'a pas encore été dévoilée par Areva.

AFP - Un convoi maritime de combustible nucléaire MOX, mélange de plutonium et d'uranium, doit prochainement quitter Cherbourg (Manche) pour le Japon, a annoncé Areva, un transport d'importance record selon Greenpeace qui dénonce les "risques de prolifération" nucléaire.

"Nous confirmons la préparation d'un transport vers le Japon de combustible MOX", a indiqué à l'AFP, sans autre commentaire, Christophe Neugnot, porte-parole de l'usine Areva de La Hague (Manche) où est stocké ce MOX, après avoir été fabriqué à partir de combustibles usés japonais.

Selon Greenpeace, "la plus importante cargaison de matière fissible jamais transportée" devrait quitter Cherbourg en milieu de semaine à bord de deux navires, dont l'un utilisé pour le dernier transport en 2001 de MOX de la Manche vers le Japon.

Ces navires de la compagnie Pacific Nuclear Transport Limited (PNTL) ont quitté vendredi leur port d'attache de Barrow in Furness (GB), et devraient rester "plusieurs jours en attente en mer", selon l'association qui refuse de dire si elle envisage des actions.

D'après Greenpeace, condamnée en justice pour avoir tenté de bloquer le convoi de 2001, ce transport est deux fois plus important que les précédents.

Le MOX sera, selon Greenpeace, acheminé en deux nuits par camions, sous très haute surveillance, de La Hague jusqu'au port de Cherbourg, à 20 km, avant d'être chargé sur les navires.

"En un peu plus de deux mois, c'est 1,8 tonne de plutonium qui va traverser la planète, quantité permettant de fabriquer 225 bombes nucléaires", affirme Greenpeace dénonçant des "risques de prolifération". "L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) estime que le MOX peut être directement utilisé pour fabriquer des bombes nucléaires", ajoute-t-elle.

Mais sur ce point, industrie nucléaire et opposants à l'atome s'accusent mutuellement de mensonge.

"On ne peut pas dire que si quelqu'un de malveillant parvenait à séparer le plutonium de l'uranium, ce qui est déjà un processus lourd, ce plutonium de qualité civile et non militaire serait apte à faire une arme nucléaire. Personne ne l'a fait. On ne peut exclure qu'une organisation s'y essaye, c'est pour cela que ces convois sont protégés", affirme à l'AFP Thierry Dujardin, directeur adjoint de l'agence de l'OCDE pour l'énergie nucléaire.

Les écologistes doutent en outre de la volonté du Japon d'utiliser dans ses centrales ce MOX, un moyen selon Areva de réduire le volume des déchets nucléaires.

"Le Japon est obligé de reprendre son MOX mais il ne l'a jamais utilisé (...) Ce combustible marche mal", estime Yannick Rousselet, chargé de l'énergie chez Greenpeace.

Le Japon a repoussé son introduction dans les centrales une première fois en 1999, puis en 2001, à la suite d'un referendum municipal où le non au MOX l'avait emporté.

"Le transport en préparation témoigne de la volonté du Japon de relancer l'introduction du MOX dans ses centrales", a indiqué à l'AFP une source proche de l'industrie nucléaire, soulignant que le MOX est utilisé dans 20 des 58  réacteurs français, en Allemagne, en Suisse, en Belgique.

Areva avait annoncé en mars et novembre 2008 des contrats de fourniture de MOX à la centrale japonaise de Takahama.

Pour l'ancien député Vert européen, Didier Anger (Sortir du nucléaire), "le Japon se prépare (...) à la prolifération de l'arme nucléaire dans l'Est asiatique".