Le préfet de Guadeloupe appelle à la fin de la grève, lundi. "Seule la signature du protocole de fin de conflit entraînera son arrêt", répond le LKP. Par ailleurs, le meurtrier présumé du syndicaliste a été mis en examen puis écroué.
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AFP - L'Etat a "solennellement" appelé samedi soir à la fin de la grève générale en Guadeloupe dès lundi, estimant que l'essentiel des revendications du LKP était satisfaite et que la poursuite du mouvement serait "autodestructrice".
Le leader du collectif intersyndical Elie Domota qui mène la mobilisation depuis près de six semaines n'a pas lui-même réagi.
Mais un autre membre du LKP Gaby Clavier a qualifié de "cavalière" la demande au nom du gouvernement du préfet Nicolas Desforges, affirmant que le mouvement ne cesserait pas sur "injonction".
"Seule la signature du protocole de fin de conflit entraînera son arrêt", a ajouté M. Clavier.
Selon le préfet, "l'essentiel" des revendications du LKP est "acquis" et notamment la plus "emblématique", portant sur la hausse de 200 euros des bas salaires. "Le retour à la vie normale à laquelle les Guadeloupéens aspirent s'impose désormais", a-t-il déclaré à la presse.
La rentrée des classes doit se faire "normalement" lundi a ajouté M. Desforges, estimant que les enfants guadeloupéens ne devaient pas être pris en "otages".
Outre l'accord salarial, M. Desforges a estimé qu'une "bonne dizaine" des 19 autres revendications importantes du LKP étaient satisfaites, notamment la baisse des prix de l'essence et de 100 produits de base ainsi que le gel des loyers.
Mais l'accord sur les salaires est au coeur d'un véritable imbroglio. Le Medef et plusieurs autres organisations patronales majoritaires, représentant notamment le secteur clé du tourisme, refusent toujours de le signer, campant sur leur propre proposition.
Les médiateurs du gouvernement, dont la mission s'achève, ont eux-même reconnu samedi "la faiblesse" de cet accord partiel.
Faute d'un déblocage du dialogue dans l'île, la balle pourrait se trouver rapidement dans le camp du gouvernement.
M. Domota a déjà annoncé son intention de demander au ministère du Travail, qui en a la faculté, d'étendre à toutes les entreprises de Guadeloupe l'application de l'accord.
"Je ne peux pas concevoir que l'on puisse nous imposer d'appliquer un accord qui ne concerne même pas 5% des salariés de l'île", s'est étonné en retour sur France-Info le président du Medef de Guadeloupe, Willy Angèle.
M. Angèle, sous la pression du Medef national, qui veut son retour à la table des négociations, a aussi prévenu: "Nous sommes au maximum de ce que nous pouvons faire compte tenu de la réalité" économique des entreprises guadeloupéennes.
Sans attendre l'appel à la fin de la grève, de plus en plus de commerces lèvent leurs rideaux un peu partout dans l'île. Toutes les stations service sont désormais ouvertes.
En Martinique, on fait encore la queue à la pompe.
L'annonce d'une réouverture progressive vendredi après-midi a provoqué une ruée dans les stations. Celles-ci devraient toutes êtres opérationnelles mardi.
A Fort-de-France, bloquée depuis le 5 février, les négociations ont repris dans l'après-midi. L'accord, qui paraissait jeudi à portée de main, met plus de temps que prévu à se dessiner.
A Paris, plusieurs milliers de personnes (3.500, selon la police, 4.000 selon les organisateurs) se sont réunies en soutien "au peuple des Antilles" à l'appel du CollectifDom.
Par ailleurs, cinq suspects dans l'enquête sur la mort d'un syndicaliste en marge du conflit social guadeloupéen devaient être mis en examen à Pointe-à-Pitre dans la soirée, dont un homme de 35 ans, pour meurtre et tentative de meurtre.