Après médiation avec des chefs musulmans, le président somalien, Sharif Cheikh Ahmed, fait un geste à destination des insurgés en acceptant le principe d'un cessez-le-feu et l'application de la loi islamique. Et appelle à la fin des violences.
AFP - Le nouveau président somalien Sharif Cheikh Ahmed a fait un nouveau geste samedi en direction des insurgés en annonçant avoir "accepté" le principe d'un "cessez-le-feu" et de l'application de la loi islamique, défendue par une médiation de chefs musulmans.
Une délégation de six dirigeants religieux d'Arabie Saoudite, du Qatar, du Koweït et du Soudan, appuyée par des chefs coutumiers somaliens, mène actuellement une médiation à Mogadiscio pour tenter notamment de trouver un accord de cessez-le-feu entre le gouvernement et les groupes islamistes radicaux.
"J'ai rencontré les responsables religieux et chefs coutumiers et j'ai accepté leur demande en faveur d'un cessez-le-feu et d'une réconciliation avec les membres de l'opposition", a déclaré M. Ahmed, élu le 31 janvier à Djibouti à la tête de l'exécutif somalien.
"J'appelle tous les groupes d'opposition à stopper les violences inutiles", a-t-il lancé.
"Les médiateurs m'ont demandé d'introduire la Charia (loi islamique) dans le pays et j'ai accepté", a-t-il ajouté.
La mise en place de la loi islamique dans le pays devrait, pour être effective, être approuvée par le Parlement car elle ne figure par dans la charte de transition somalienne.
"Nous avons demandé au président de mettre en place la Charia dans le pays et d'accepter notre médiation", a expliqué Cheikh Bashir Ahmed, un haut responsable musulman somalien.
"Il a accepté et nous espérons que cela mettra un terme à la violence dans le pays", a-t-il ajouté.
Sharif Cheikh Ahmed a par ailleurs annoncé la fin de la mise en place du nouveau gouvernement, précisant que les 36 ministres le composant commenceraient officiellement leurs travaux samedi à Mogadiscio.
Le chef des islamistes somaliens modérés a été élu président par un Parlement élargi aux islamistes modérés et à des représentants de la société civile et a succédé à Abdullahi Yusuf Ahmed, poussé à la démission fin décembre, et qui était hostile à toute négociation avec les islamistes.
Le jour de son élection, il avait déjà lancé un appel aux insurgés.
"Je tends la main à tous les groupes armés somaliens qui sont toujours opposés à ce processus de paix", avait-il déclaré.
Les islamistes radicaux Shebab ainsi que d'autres groupes radicaux sont restés sourds à l'appel et ont lancé des attaques meurtrières à Mogadiscio et en province depuis le retour lundi et l'installation du président dans la capitale.
Au moins 30 personnes, des civils pour la plupart, ont été tuées dans ces combats, les plus violents depuis l'élection de Sharif Cheikh Ahmed.
Le retrait de l'armée éthiopienne, alliée au gouvernement somalien, était la principale demande de l'opposition islamiste et notamment de Sharif Cheikh Ahmed.
Mais l'aile radicale de l'opposition a juré de poursuivre son combat jusqu'au départ de toutes les troupes étrangères du pays, en référence aux 3.400 soldats de la force de paix de l'Union africaine en Somalie (Amisom). Les shebab réclament aussi régulièrement l'introduction de la Charia.
Onze soldats burundais de l'Amisom ont été tués et 15 blessés le 22 février dans un attentat suicide revendiqué par les shebab contre leur camp à Mogadiscio.
La Somalie, pays pauvre de la Corne de l'Afrique, est le théâtre d'une guerre civile depuis 1991.