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La police a fait usage de gaz lacrymogène, ce jeudi, pour empêcher un rassemblement de chrétiens qui manifestaient contre les résultats des législatives et de la présidentielle de fin 2011. Des irrégularités ont été observées pendant les élections.

AFP - La police a dispersé jeudi à Kinshasa, parfois à coup de gaz lacrymogène, une marche des chrétiens qui entendaient notamment protester contre les résultats des élections de fin 2011 en République démocratique du Congo, a constaté l'AFP.

Des groupes de fidèles ont quitté tôt le matin leur paroisse pour tenter de regagner celle de Saint-Joseph, lieu de rassemblement, mais des policiers les ont rapidement dispersés notamment avec des gaz lacrymogènes, appliquant les consignes des autorités qui avaient interdit la manifestation.

Les fidèles ont été reconduits dans leur église ou empêché d'atteindre Saint-Joseph, où un lourd dispositif policier était déployé dans l'enceinte et aux alentours de l'édifice, y interdisant l'entrée ou la sortie à toutes personnes, a constaté l'AFP.

"Ils ont réprimé terriblement: ils ont lancé du gaz lacrymogène partout dans l'enclos, jusque dans la chambre des prêtres", a affirmé à l'AFP l'abbé Pierre Bosangia, l'un des organisateurs de la marche, joint au téléphone à l'intérieur de la paroisse.

D'après lui, trois prêtres, deux religieuses et deux fidèles ont été arrêtés, selon un bilan établi à partir d'informations paroissiales. Des discussions étaient en cours pour obtenir leur libération, avec l'aide de la Mission de l'ONU en RDC (Monusco), a-t-il ajouté.

Dans l'après-midi, le dispositif policier a été allégé et le calme est revenu à Saint-Joseph, selon des témoins.

Les autorités ont annulé la marche, à laquelle des élus de l'opposition ont participé, "parce qu'elle n'était pas à leur avantage", a estimé un homme qui a fui une paroisse de la commune de Lemba (est) quand des violences ont éclaté dans la matinée.

"Quatre jeeps de policiers sont arrivées, et deux bus ont suivi. On a vu des kulunas (ndlr voyous) de 13 à 20 ans descendre, ils sont entrés par la porte de derrière (...) et ils ont commencé à frapper des femmes", a-t-il affirmé, choqué. "Au moins une personne" a été blessée, selon l'abbé Bosangia.

Les autorités "viennent une fois de plus prouver à suffisance leurs prédispositions persistantes à étouffer les droits de la population à s'exprimer", a dénoncé jeudi dans un communiqué l'ONG congolaise des droits de l'Homme Voix des Sans Voix.

La manifestation "non violente" devait aussi marquer le 20e anniversaire de la "marche des chrétiens" du 16 février 1992 pour réclamer plus de démocratie au régime du dictateur Mobutu. La marche avait été réprimée et des victimes tuées par les forces de sécurité avaient été amenées à la paroisse Saint-Joseph.

Les organisateurs avaient appelé samedi à la commémoration des morts du 16 février 1992 et exhorté les Congolais à exprimer leur "rejet des résultats des élections" présidentielle et législatives du 28 novembre 2011, en les qualifiant de "conformes ni à la vérité ni à la justice".

Le chef de l'Etat sortant Joseph Kabila a été officiellement réélu, et son camp a remporté les législatives selon les résultats provisoires de la Commission électorale.

Mais l'opposant Etienne Tshisekedi, classé deuxième de la présidentielle, a rejeté ces résultats et s'est autoproclamé "président élu", dénonçant des irrégularités également relevées par des missions d'observation nationales et internationales.