
Les réactions divergent en France au lendemain de l'intervention télévisée du chef de l'État. Si une partie de la droite se félicite de l'annonce de "mesures courageuses", beaucoup fustigent la hausse annoncée de la TVA, jugée "injuste socialement".
AFP - Le PS a tiré à boulets rouges lundi matin sur la "TVA Sarkozy", au lendemain de l'annonce d'une hausse de cette taxe destinée à restaurer la compétitivité française, l'une des mesures présidentielles dont François Fillon s'apprête à mettre en musique le calendrier.
Au lendemain de l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy, qui a réuni sur six chaînes environ 16,5 millions de téléspectateurs, le chef du gouvernement va réunir dans l'après-midi plusieurs ministres à Matignon, où il tiendra à 15H00 une conférence de presse.
Mais sans attendre, la gauche s'est livrée lundi matin à un travail de démolition en règle de ces mesures, en particulier de la hausse de la TVA.
itL'ex-Premier ministre socialiste Laurent Fabius a ainsi tenté sur Europe 1 de réitérer le bon coup qu'il avait joué en 2007 dans l'entre-deux-tours des élections législatives, lorsqu'il avait mis en difficulté Jean-Louis Borloo sur cette question et vraisemblablement contribué à la défaite de candidats UMP.
"J'ai trouvé que l'intervention touffue d'hier (dimanche) avait un mérite, c'est qu'il est clair que si M. Sarkozy est réélu, il y aura une +TVA Sarkozy+", a ainsi fait valoir M. Fabius.
Selon lui, une telle augmentation serait "injuste socialement, économiquement inefficace" et "pas très démocratique" à quelques mois de l'élection présidentielle.
"La vraie compétitivité aujourd'hui, même si on regarde l'Allemagne, ce n'est pas de baisser le coût du travail", a de son côté mis en garde Martine Aubry, première secrétaire du PS, sur RTL.
"Pourquoi changerait-il de politique à 80 jours d'une élection? Il a commencé en aidant les plus privilégiés, avec notamment le bouclier fiscal, et il termine en faisant payer les classes populaires et moyennes", a déploré Mme Aubry, pointant "une erreur économique et une profonde injustice sociale".
Michel Sapin, conseiller économique du candidat socialiste François Hollande, a lui aussi choisi la TVA comme angle d'attaque contre le président sortant, toujours pas officiellement candidat.
La hausse de cette taxe correspond, selon lui, à "une baisse du pouvoir d'achat de tous les Français, des plus modestes, des classes moyennes" alors que les Allemands "auront un pouvoir d'achat plus élevé. C'est une infériorité". Il a répété que M. Hollande, s'il était élu, reviendrait sur cette hausse, prévue pour le 1er octobre.
Selon Martine Aubry, cette mesure, prise "dans l'improvisation", est le fait d'un chef de l'Etat "un peu perdu". "Cette politique a déjà eu lieu et a déjà échoué", a également fait valoir Mme Aubry, en référence à une augmentation de la TVA en 1995 par Alain Juppé. "Il n'y avait pas eu de croissance et Jacques Chirac avait dû dissoudre l'Assemblée", a-t-elle rappelé.
A droite, le candidat et ex-Premier ministre, Dominique de Villepin, est favorable à une hausse de la TVA mais il a vilipendé le choix de Nicolas Sarkozy de présenter ces mesures à moins de trois mois de l'élection présidentielle.
"Ce que je crains, c'est que ces idées soient gâchées par la précipitation", a-t-il mis en garde sur I-Télé, militant pour une hausse de 2,5 points "si on veut que l'effet se sente sur le coût du travail".
Le député (UMP) Lionnel Luca, qui s'était élevé contre une éventuelle hausse de la TVA, a pour sa part demandé à M. Sarkozy d'accélérer son entrée en campagne pour "expliquer ses mesures" et créer de "l'allant".
Le député Nouveau centre Yvan Lachaud a lui salué des "mesures courageuses" destinées à "défendre notre bien le plus précieux : l’emploi des Français".