logo

Malgré la crise, l'éditeur allemand Springer double son bénéfice

Contre toute attente, l'éditeur des célèbres journaux allemands "Bild" et "Die Welt", Axel Springer, a annoncé avoir engrangé un bénéfice record de 571,1 millions d'euros en 2008, soit près du double de l'année précédente.

AFP - L'éditeur de journaux allemand Axel Springer affiche une santé insolente: alors que des groupes de presse font faillite à cause de la crise économique, il annoncé mercredi avoir dégagé l'an dernier un bénéfice net record.

Le groupe berlinois qui publie notamment le populaire Bild, plus gros tirage du pays avec près de 3,6 millions d'exemplaires quotidiens, et le prestigieux Die Welt, a dégagé en 2008 un bénéfice net de 571,1 millions d'euros, soit presque deux fois le montant de la perte enregistrée en 2007.

Axel Springer, fondé en 1946 et devenu entre-temps le premier éditeur de journaux en Allemagne, n'avait jamais fait aussi bien de son histoire.

Son excédent brut d'exploitation Ebitda s'est inscrit en hausse de 3,4% à 486,2 millions et son chiffre d'affaires de 5,8% à 2,73 milliards d'euros. Il a ainsi rempli son objectif d'une hausse de son Ebitda.

Le groupe a profité d'une "bonne évolution de son chiffre d'affaires et d'une stricte discipline de contrôle des coûts", explique-t-il. Il a notamment profité de la cession de sa part de 12% dans le groupe de télévision ProSiebenSat.1. Mais même sans cela il aurait vu ses bénéfices augmenter.

"Nous avons profité du fait que nous avons investi plus tôt que d'autres dans internet", par exemple dans aufeminin.com en France, a indiqué une porte-parole à l'AFP. Axel Springer a aussi fait mieux dans son coeur de métier, la presse écrite.

Le groupe a aussi entrepris il y a plusieurs années de restructurer certaines activités déficitaires pour les rendre plus efficaces, a-t-elle rappelé.

Axel Springer ne fait pas en revanche de prévision pour cette année: la porte-parole a renvoyé à la présentation des résultats détaillés à la mi-mars.

Axel Springer a continué récemment à réorganiser ses activités en se concentrant sur ses fers de lance que sont Bild Zeitung et Die Welt, ainsi que ses chaînes de télévision et internet.

Il a ainsi annoncé récemment la vente pour 310 millions d'euros au total de ses parts dans divers journaux régionaux allemands.

Il s'est renforcé en revanche récemment en Norvège ou en Turquie dans l'internet.

Face à la crise, qui frappe de plein fouet les recettes publicitaires des médias, le groupe a aussi renoncé au strass et aux paillettes: pour cette année, il a annulé toutes ses fêtes et galas télévisés.

Ses actionnaires vont bénéficier de ces bons résultats: ils vont toucher un dividende record de 4,40 euros, soit 40 centimes de plus que l'année précédente. La majorité du groupe est détenue par la fondation Axel Springer, à 10% en propre et à 7% par Friede Springer, la veuve du fondateur.

Le groupe, qui emploie environ 10.000 personnes et est présent dans plus d'une trentaine de pays, ne compte pas en revanche réduire massivement ses effectifs. "Pour l'instant, nous ne prévoyons pas de suppressions d'emplois et nous ne pensons pas qu'elles soient nécessaires", a indiqué la porte-parole.

Ces bons résultats sont une exception dans un paysage médiatique durement touché par la crise. Aux Etats-Unis, les annonces de faillite de groupes de presse se sont multipliées ces derniers mois, conséquence de l'effondrement des recettes publicitaires, de la hausse des coûts d'impression et de la fuite du lectorat vers l'internet.

En décembre, le groupe Tribune, deuxième plus grand groupe de presse du pays, propriétaire notamment des prestigieux Los Angeles Times et Chicago Tribune, a déposé son bilan.

L'Europe n'est non plus épargnée: le journal gratuit Metro a ainsi dû interrompre brutalement sa parution en Espagne, où il tirait à près d'un million d'exemplaires.

Tags: Allemagne, Médias,