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Grève massive dans l'enseignement

Les enseignants de la maternelle à l'université sont appelés à protester, ce jeudi, notamment contre les suppressions de postes. Le primaire devrait être particulièrement touché avec 7 professeurs sur 10 en grève selon les syndicats.

Le monde de l’enseignement se mobilise ce jeudi 20 novembre au cours d’une grève qui devrait être très suivie, selon les syndicats. Les enseignants du primaire sont particulièrement mobilisés. Au-delà des coupes budgétaires, ils dénoncent "le désordre" semé à l’école primaire par les réformes mises en place par le ministre de l’Education. S’estimant peu écoutés, ils réclament l’ouverture d’un "véritable dialogue social" avec Xavier Darcos.

Selon le Snuipp-FSU, principal syndicat dans les écoles, 7 enseignants sur 10 ont prévu de participer à la grève. Il n’y avait pas eu de mobilisation comparable dans le primaire depuis les grèves de 2003 contre la réforme des retraites.

Pour Gilles Moindrot, secrétaire général du Snuipp-FSU, "les enseignants en école maternelle et élémentaire remettent en cause une politique éducative du ministre qui va à l’encontre de leur professionnalisme". Il évoque "l’expérimentation du désordre à l’école", suite aux récentes réformes.

La suppression des Rased au cœur de la revendication

Principale source de colère, les 13 500 suppressions de postes inscrites au budget 2009 et la remise en question d’un mécanisme d’aide aux élèves en difficulté. Près de 3 000 enseignants spécialisés seront en effet réaffectés dans des classes régulières. Ces postes font partie des Réseaux d’aide spécialisée aux élèves en difficulté (Rased), un mécanisme de soutien à la fois scolaire et psychologique. Selon le Snuipp-FSU, ils sont 150 000 élèves à recevoir cette aide.

"Ces enfants, on ne peut pas les aider quand on en a 30 par classe", explique Aurélien Mateu, enseignant de 29 ans dans une classe de CE2 en région parisienne. "Toutes les semaines, ils reçoivent pendant 45 minutes l’aide des enseignants spécialisés par groupe de 3 ou 4, ou individuellement. Si on supprime les Rased, cela va creuser l’écart entre élèves", déplore-t-il.

Xavier Darcos remet donc en question le fonctionnement par groupes restreints de ces aides. "Il s'agit de prendre 3 000 postes de Rased, qui sont des itinérants, de les sédentariser, de les implanter dans des classes, là où on a précisément besoin d'eux, où ils vont s'installer dans des équipes pédagogiques permanentes", a-t-il déclaré. Gilles Moindrot insiste quant à lui sur le fait qu’il n’y a eu aucune évaluation de ces Rased. "Quand le ministre parle de leur inefficacité, il ne se base sur rien, ni étude, ni bilan", observe-t-il.

Une réforme des programmes contestée

Mais si l’éventuelle suppression des Rased est prévue pour 2009, la réforme des programmes du primaire voulue par le ministre a été effective dès la rentrée 2008 et provoque elle aussi la grogne des enseignants.

Présentée par Xavier Darcos comme un retour aux "fondamentaux" que sont les mathématiques et le français, elle est perçue différemment côté enseignants. Pour Gilles Moindrot, "il n’y a pas de retour aux fondamentaux car les heures allouées aux maths et au français sont restées les mêmes", par contre les autres matières bénéficient de moins d’heures.

Aurélien Mateu observe, dans la pratique, un paradoxe de la réforme : "C’est aberrant, on a perdu 108 heures sur l’année avec la suppression du samedi alors que le programme n’a pas changé et que des nouvelles matières comme l’histoire de l’art par exemple a été rajoutées", s’indigne-t-il.

Défendre la maternelle

Autre motif d’indignation, les propos de Xavier Darcos sur l’école maternelle pour les moins de 3 ans. Gilles Moindrot rappelle que 170 000 enfants en maternelle ont moins de 3 ans. Pour lui, "au-delà de cela, c’est l’utilité même de l’école maternelle qui est remise en cause".

Le ministre de l’Education avait suscité la polémique en juillet en se demandant devant la commission des Finances du Sénat s'il était "vraiment logique (...) que nous fassions passer des concours bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches?". Comme le préconise un rapport sénatorial, il défend l’ouverture de jardins d’éveil pour accueillir les moins de 3 ans, qui, selon lui, sont trop jeunes pour aller en maternelle.

A la rentrée 2009, deux départements testeront les jardins d’éveil. Un jeune enseignant en maternelle à Neuilly qui a préféré resté anonyme, témoigne de l’inquiétude de ses collègues, qui craignent à terme de voir disparaître les classes de maternelle. "Nous avons peur que le jardin d’éveil englobe la petite et la moyenne section, et que la grande section soit agrégée par l’élémentaire, vu qu’elle est réellement une préparation au CP, explique-t-il. C’est possible et ce serait vraiment dommage."