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Les conflits internes au sein du PS continuent d'émailler la campagne du candidat PS. Une partie de l'aile gauche du parti a critiqué son programme sur l'éducation. Aubry et Hollande ont réagi vivement de concert.

REUTERS - François Hollande a adressé mercredi une "sévère mise au point" aux troupes socialistes après des critiques de l'aile gauche du parti sur les emplois que le candidat du PS compte créer dans l'éducation s'il arrive au pouvoir en mai prochain.

Plusieurs élus socialistes, dont le porte-parole du parti Benoît Hamon, ont demandé des précisions après des propos du député Jérôme Cahuzac affirmant que les 60.000 emplois créés sur cinq ans seraient assurés par des redéploiements, sans nouvelles embauches, en raison de l'endettement de la France.

Une réunion du conseil politique, mercredi matin, a été selon un témoin l'occasion d'une "sévère mise au point" de la part du candidat à l'élection présidentielle, mais aussi de la
première secrétaire du PS, Martine Aubry.

"Que ceux qui ont besoin de faire parler d'eux se taisent", a déclaré cette dernière lors d'une conférence de presse sur le sommet social de l'Elysée. "Il y aura toujours une ou deux voix, tant pis pour eux, ils ne nous empêcherons pas de gagner".

D'après Bruno Le Roux, un des porte-parole du candidat, François Hollande a expliqué que le débat devait avoir lieu "entre lui, candidat à la présidence de la République, nous
comme portant sa parole, et les Français".

"Il y a deux possibilités : quand les choses sont tranchées il faut les défendre, et quand elles ne le sont pas, il faut attendre qu'elles le soient", a-t-il ajouté.

Selon une autre de ses porte-parole, Najat Vallaud-Belkacem, François Hollande était "à la fois ferme et plein d'ardeur dans son propos", qui a été applaudi à la fin.

Jean-Marc Ayrault, président du groupe socialiste de l'Assemblée nationale, a parlé de "petite mise au point à ceux qui pensent d'abord à eux et pas à l'essentiel et penser à
l'essentiel c'est autour du candidat se mobiliser pour réussir le changement. Le reste n'a pas d'intérêt", a-t-il dit.

Stéphane Le Foll, organisateur de campagne, a reconnu sur LCI une certaine "culture d'indiscipline", au sein du PS.

A l'origine des débats, des propos de Jérôme Cahuzac, chargé des finances au sein de l'équipe de campagne, qui a déclaré dimanche sur France 5 "qu'il n'y (aurait) pas de postes supplémentaires créés dans la fonction publique d'Etat, pour une raison assez simple, c'est que la France n'en a tout simplement pas les moyens".

"Seule ma parole compte"

Ces propos ont provoqué une réaction courroucée de Benoît Hamon, Henri Emmanuelli et Marie-Noëlle Lienemann, membres de l'aile gauche du parti.

"Si les 60.000 créations de postes annoncées par François Hollande ne devaient l'être que par redéploiement, cela reviendrait à réduire le service public de la santé ou de
l'emploi. Cela n'aurait aucun sens", peut-on lire dans un communiqué publié mardi.

Le début de campagne de François Hollande a été émaillé de plusieurs quiproquos de ce type, notamment au moment de l'accord PS-Verts en novembre et, la semaine dernière, sur la question d'une éventuelle suppression du "quotient familial".

Des confusions que l'UMP n'a pas manqué de souligner.

"La vérité c'est qu'aujourd'hui' la campagne de M. Hollande, elle est articulée autour d'un triple "i" : impréparation, improvisation, illusionnisme", a déclaré le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, mercredi lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale.

François Hollande a fait savoir à plusieurs reprises que seule sa parole comptait, en attendant le programme qu'il commencera à dévoiler lors d'un discours dimanche au Bourget (Seine-Saint-Denis).

"Il faut toujours attendre que j'aie arbitré. A la fin du mois, l'ensemble du projet sera connu. D'ici là : seule ma parole compte", disait-il vendredi dans le quotidien 20 minutes.

"La bonne version, c'est celle que je donnerai le moment venu", a-t-il insisté mardi en Moselle.

Pour le Front de gauche, c'est la poussée de son candidat Jean-Luc Mélenchon, crédité d'environ 7% dans les sondages, qui "donne du courage à la gauche du PS".

"Les feux du Front de gauche commenceraient-ils à réchauffer la marmite socialiste ?", s'interroge dans un communiqué Eric Coquerel, conseiller de Jean-Luc Mélenchon, se félicitant que certains socialistes "nous rejoignent ainsi pour regretter la timidité et les ambiguïtés du programme de leur candidat".