L'explosion d'une bombe dans la région de Khyber, au nord-ouest du Pakistan, a fait 35 morts et 69 blessés ce mardi. L'attentat, perpétré dans l'un des bastions des Taliban n'a, pour l'heure, pas été revendiqué.
AFP - Trente-cinq personnes ont été tuées et au moins 69 blessées mardi matin dans un attentat perpétré sur un marché du nord-ouest du Pakistan, bastion des talibans et d'autres groupes rebelles, selon un dernier bilan fourni à l'AFP par les autorités locales.
Il s'agit de l'attentat le plus meurtrier au Pakistan depuis le 15 septembre dernier et une attaque suicide qui avait tué 46 personnes lors de funérailles dans le district voisin du Bas Dir.
Cette pause relative dans les attentats sanglants avait nourri des rumeurs de négociations entre autorités et talibans, démenties par ces derniers.
L'attentat de mardi, qui n'était pas immédiatement revendiqué, a eu lieu à Jamrud, l'une des principales villes du district tribal de Khyber, frontalier de l'Afghanistan, ont précisé ces sources. Un précédent bilan faisait état de 26 morts et plus de 60 blessés.
"Le nombre de morts s'élève à 35, et 69 personnes ont été blessées", a déclaré à l'AFP un responsable de l'administration locale, Shakeel Khan Umarzai. Ce bilan pourrait encore monter, car "11 des blessés sont dans un état critique", a-t-il ajouté.
"Il s'agit selon les premières informations d'une bombe dissimulée dans un minibus", a déclaré le chef de l'administration locale, Mutahir Zeb, ajoutant que la cible de l'attaque restait inconnue à ce stade.
Le district de Khyber abrite plusieurs mouvements rebelles, plus ou moins liés aux talibans, lesquels dénoncent notamment l'alliance stratégique du gouvernement d'Islamabad avec les Etats-Unis.
Khyber, qui abrite également divers groupes mafieux, est l'un des points de passage des convois de ravitaillement des forces de l'Otan en Afghanistan, un trafic bloqué depuis plus d'un mois par le Pakistan en représailles d'une erreur de l'Otan qui a tué 24 soldats pakistanais fin novembre dernier.
Si le nombre d'attentats n'a que peu baissé au Pakistan en 2011 (près de 120, comme en 2010), ils ont fait deux fois moins de morts (un peu plus de 800 contre près de 1.400 en 2010), selon un décompte de l'AFP.
Les zones tribales du nord-ouest sont le bastion des talibans pakistanais, un sanctuaire de leurs alliés d'Al-Qaïda et une importante base arrière des talibans afghans.
Nombre d'attentats ont été revendiqués par le Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaïda et a a décrété le jihad à Islamabad à l'été 2007 pour son soutien à Washington. Depuis, plus de 500 attentats --suicide pour la plupart-- ont tué plus de 4.700 personnes dans tout le pays.
En 2009, les talibans avaient conquis du terrain dans le nord-ouest, semant un vent de panique chez les alliés occidentaux très inquiets de voir l'arsenal nucléaire pakistanais tomber un jour aux mains des rebelles.
Mais selon des sources concordantes, le TTP a été largement affaibli ces dernières années par les offensives de l'armée et les centaines de tirs de drones américains sur les zones tribales, alors que certains commandants rebelles se déclaraient ouverts à des négociations de paix avec les autorités.
Le TTP a depuis nié en bloc toute discussion, et revendiqué plusieurs attaques sanglantes contre les forces de sécurité dans les zones tribales, dont une fin décembre qui a entraîné la mort de 23 soldats, ainsi que l'enlèvement et l'exécution de 15 paramilitaires début janvier.