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Taxe Tobin : Sarkozy n'exclut pas de faire cavalier seul

"Nous n'attendrons pas que tous les autres soient d'accord pour la mettre en œuvre", a déclaré le président français au sujet de la taxe sur les transactions financières. Une éventualité dont Berlin ne veut, pour l'heure, pas entendre parler.

AFP - La France "n'attendra pas que tous les autres soient d'accord" pour mettre en oeuvre la taxe sur les transactions financières, a assuré vendredi Nicolas Sarkozy, sans toutefois donner de précision sur la date à laquelle elle pourrait être mise en vigueur.

"Nous la mettrons en oeuvre parce que nous y croyons", a ajouté M. Sarkozy, en clôturant à l'Elysée le colloque "Nouveau monde" organisé par son ministre de l'Industrie, Eric Besson, jugeant "inacceptable" que "les transactions financières soient les seules transactions exonérées de toute taxe".

"Lorsque vous achetez un appartement, dans tous les pays du monde vous payez une taxe. Lorsque vous allez dans un supermarché pour vous nourrir, vous payez une taxe. Lorsque vous faites une transaction financière, vous ne payez pas de taxe. Qui peut comprendre? Qui peut l'accepter?", a-t-il interrogé.

"C'est la raison pour laquelle la France milite pour une taxe sur les transactions financières. Je le dis sous le contrôle du ministre des Finances. Nous n'attendrons pas que tous les autres soient d'accord pour la mettre en oeuvre, nous la mettrons en oeuvre parce que nous y croyons", a assuré le président, sans autre précision.

"Je crois à l'émergence d'une opinion publique mondiale qui se tournera vers tous les gouvernements du monde et qui leur dira: +pourquoi vous ne faites pas ce que eux ont fait+. Et la zone euro doit montrer l'exemple", a-t-il insisté.

Nicolas Sarkozy s'est d'ailleurs réjoui des "récentes déclarations du président du conseil italien (Mario Monti, présent face à lui) devant le Parlement, marquant son intérêt et son ouverture, ce qui est une nouveauté, vis-à-vis du principe de cette taxe".

Nicolas Sarkozy a fait de l'instauration d'une taxe sur les transactions financières une des priorités de sa présidence des G8 et G20, et avait même promis aux ONG d'aide au développement, début 2011, que cette taxe serait mise en oeuvre par la France seule "avant la fin de l'année", selon ces ONG.

Il avait ensuite révisé sa stratégie en poussant le principe d'une adoption de cette taxe par un groupe de pays "pilote" de l'Union européenne dans le cadre d'une initiative franco-allemande.

Mais, à trois mois et demi de la présidentielle, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a amorcé vendredi matin un nouveau virage qui a pris de court les partenaires européens de la France, en annonçant que le gouvernement français était prêt à prendre une décision "pour ce qui concerne la France avant la fin du mois de janvier".

L'Allemagne a immédiatement fait savoir qu'elle ne déciderait pas seule d'une taxation sur les transactions financières et répété sa préférence pour une solution européenne, tout comme la commission de Bruxelles qui a plaidé pour une "approche cohérente" entre ses Etats membres.

Lors d'un débat télévisé en 1999, qui l'opposait notamment au premier secrétaire du PS François Hollande, Nicolas Sarkozy avait fustigé "l'absurdité" de la taxe sur les transactions financière, alors appelée taxe Tobin. "Si nous la faisons en France, on va encore la payer de dizaines de milliers de chômeurs supplémentaires", avait-il alors plaidé.