Au lendemain de l'arrivée d'une première mission d'observateurs arabes à Damas, deux attentats à la voiture piégée ont visé des bâtiments des services de sécurité dans la capitale, selon le régime. Au moins 40 personnes ont été tuées et 150 blessées.
AFP - Au moins 40 personnes ont été tuées et 150 blessées vendredi dans deux attentats suicide à la voiture piégée à Damas, attribués par les autorités à Al-Qaïda, au lendemain de l'arrivée de la mission arabe préparant la venue d'observateurs.
La répression de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad se poursuivait par ailleurs, avec quatorze civils tués, dont huit à Homs (centre), deux à Hama (nord), deux à Douma, dans la banlieue de Damas, un à Deraa (sud) et un à Idleb (nord-ouest), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"Le nouveau bilan des deux attentats s'établit à 40 morts et 150 blessés", a affirmé à l'AFP Jihad Makdissi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Ces attentats, sans précédent depuis le début de la contestation mi-mars, ont eu lieu à quelques minutes d'intervalle dans le quartier de Kafar Soussé, dans l'ouest de la capitale. Ils ont visé la Direction de la sûreté générale, le plus important service de renseignement civil, ainsi qu'un bâtiment de la sécurité militaire.
La télévision a montré des images de civils évacuant des cadavres calcinés ou mutilés, et la chaussée maculée de sang et de gravats.
"Le terrorisme a voulu que le premier jour des observateurs à Damas soit une journée tragique mais le peuple syrien fera face à la machine à tuer soutenue par les Européens, les Américains et certaines parties arabes", a déclaré le vice-ministre des Affaires étrangères Fayçal Meqdad sur le lieu de l'un des attentats.
"C'est le premier cadeau du terrorisme et d'Al-Qaïda, mais nous allons faciliter au maximum la mission de la Ligue arabe", a-t-il assuré.
A la question de savoir si ces attentats pouvaient s'inscrire dans un scénario monté par les services de sécurité syriens, il a rétorqué: "ceux qui proféreront de telles allégations sont des criminels".
Le chef des renseignements militaires de la province de Damas, le général Rustom Ghazaleh, n'a pas exclu d'autres attentats.
Un responsable gouvernemental libanais avait affirmé cette semaine que Beyrouth enquêtait sur des informations selon lesquelles des membres d'Al-Qaïda se seraient infiltrés en Syrie par le Liban. Le mouvement chiite libanais Hezbollah, allié du régime de Bachar al-Assad, a accusé pour sa part les Etats-Unis d'être derrière les attentats.
Washington a condamné "avec la plus grande vigueur" les attentats mais estimé qu'ils ne devaient pas remettre en cause la mission des observateurs.
La France s'est dite elle "préoccupée par les informations faisant état de manipulations orchestrées depuis plusieurs jours par Damas pour maquiller la réalité de la répression" aux yeux des observateurs arabes, évoquant notamment le transfert "des prisonniers politiques dans des lieux de détention secrets".
L'adjoint du secrétaire général de la Ligue arabe, Samir Seif al-Yazal, arrivé jeudi à Damas pour diriger la mission chargée de préparer la venue d'observateurs arabes, s'est rendu sur les lieux du drame.
"Nous allons continuer notre travail", a assuré M. Yazal, précisant que la mission devait rencontrer samedi le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem.
Un premier groupe de 30 à 50 observateurs doit arriver dimanche pour suivre l'application d'un plan de sortie de crise arabe après plus de neuf mois d'une révolte violemment réprimée.
Selon une estimation de l'ONU, cette répression a fait au moins 5.000 morts depuis la mi-mars. Les autorités syriennes, qui attribuent les troubles à des "bandes armées", ont pour leur part annoncé plus de 2.000 morts dans les rangs de l'armée et des services de sécurité.
Les militants anti-régime, qui dénoncent l'apathie de la Ligue arabe face à la répression, ont manifesté vendredi dans plusieurs villes du pays contre la signature du protocole sur l'envoi des observateurs, parlant de "protocole de la mort".