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Plus de 100 personnes décèdent après avoir consommé de l'alcool frelaté

Dans l'est de l'Inde, au moins 102 personnes sont mortes empoisonnées après avoir consommé de l'alcool frelaté, selon les autorités locales. Après autopsie, il s'est avéré que du méthanol a été détecté dans les organismes d'au moins 20 victimes.

AFP - Plus de cent personnes sont mortes empoisonnées dans l'est de l'Inde après avoir bu de l'alcool frelaté pouvant contenir un solvant très toxique, tandis que de nombreuses autres ont été hospitalisées, ont annoncé jeudi les autorités locales.

"Le bilan s'élève jeudi matin à 102 morts", a déclaré par téléphone Narayan Swarup Nigam, le responsable du district de Vingt-quatre Parganas, à 30 km de Calcutta, la capitale de l'Etat du Bengale occidental.

Les victimes, pour la plupart des paysans ou des conducteurs de triporteurs trop pauvres pour s'acheter des alcools de marque, sont originaires de dix villages frontaliers du Bangladesh.

Les trois hôpitaux les plus proches ont en outre accueilli des dizaines de patients grièvement malades.

L'alcool fabriqué clandestinement est beaucoup consommé en Inde en raison de son prix attractif. Selon un habitant du district concerné, un demi-litre ne coûte que 6 roupies, soit 8 centimes d'euros.

Selon M. Nigam, du méthanol a été détecté sur au moins 20 victimes après autopsie, faisant craindre que ce solvant hautement toxique soit à l'origine des empoisonnements mortels.

Le méthanol, également utilisé comme carburant, est parfois ajouté à l'alcool local baptisé "moonshine" en petites quantités pour augmenter la teneur en alcool.

Mais ce produit peut rendre aveugle, voire entraîner la mort en cas de forte concentration.

"Du méthanol a été retrouvé dans l'estomac d'au moins vingt victimes. Il se peut que ce ne soit pas la seule raison de la mort. Nous enquêtons", a commenté auprès de l'AFP Chiranjib Murmu, le responsable de l'hôpital Diamond Harbour.

La chef du gouvernement du Bengale occidental, Mamata Banerjee, a annoncé l'ouverture d'une enquête et le versement de 200.000 roupies (2.800 euros) au titre de compensations financières pour chaque famille de victimes.

Elle a également annoncé l'arrestation de quatre personnes.

"Je veux prendre des mesures fermes contre ceux qui fabriquent et vendent de l'alcool illégal", a-t-elle affirmé.

La police a précisé que des habitants en colère ont mis à sac des distilleries locales.

Selon Johnson Edayaranmulah, le directeur du groupe de pression Indian Alcohol Policy Alliance, qui milite pour la mise en oeuvre de politiques responsables en matière de consommation d'alcool, les morts dues à des boissons frelatées sont monnaie courante en Inde.

Il a toutefois avancé l'hypothèse d'une erreur dans le produit rajouté, supposant que les producteurs aient pu prendre du méthanol pour de l'éthanol, moins toxique.

"On trouve de l'alcool clandestin partout en Inde. La loi n'est pas appliquée et il existe un lien contre nature entre les autorités -- police, hommes politiques, douanes -- et les contrebandiers", a-t-il accusé.

"La police accepte les pots-de-vin, les douaniers acceptent les pots-de-vin, tout le monde ferme les yeux. Cela montre que la corruption fait partie de l'état d'esprit indien".
 

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